Safari dans le parc national Kruger, en Afrique du Sud

Safari dans le parc national Kruger, en Afrique du Sud

Article originellement publié dans le Plus d’Arts et Vie #146 (Hiver 2017)

Le parc Kruger est un bel hommage rendu par l’homme au règne animal. S’immerger quelques jours dans le bush, partir en safari, à l’aube ou au crépuscule, sur les traces des grands fauves africains est une chance que l’on souhaite à chacun de connaître une fois dans sa vie, une de ces expériences qui réveille notre âme d’enfant, notre capacité d’émerveillement devant les splendeurs de la création. Du haut de ses cent ans, la plus grande réserve animalière d’Afrique du Sud dispose d’infrastructures parfaitement rodées. Elle offre des conditions optimales pour aborder l’univers de la faune sauvage.

Un léopard dans le parc Kruger
Un léopard dans le parc Kruger © S. Meiller

Un peu d'histoire

En 1898, sous l’impulsion du président de la République sud-africaine Paul Kruger, une première réserve animalière, la Sabie Game Reserve, fut créée à l’est du Transvaal près de la rivière Sabie. Il s’agissait déjà à l’époque de protéger une faune menacée par la prédation humaine. Car 25 ans plus tôt, de l’or avait été découvert non loin de là, à Pilgrim’s Rest, entraînant une ruée de “chercheurs” prêts à braver le danger des lions, des crocodiles et du paludisme pour faire fortune. Sous la pression de la quête aurifère, du commerce des cornes et des peaux, la faune locale connut un net déclin qu’il fallait enrayer. 

Au tournant du xxe siècle, d’autres réserves furent créées au voisinage de la première, et c’est en 1926 qu’elles furent réunies dans le premier parc national d’Afrique du Sud, alors baptisé du nom de l’ancien président. Reconnu par l’Unesco en tant que réserve de biosphère depuis 2001, le parc couvre actuellement, à l’extrême nord-est du pays et à 4 h de route de Johannesburg, une superficie de 20 000 km2. Il s’étend sur environ 350 km de long et 60 de large

Il a passé un accord avec ses homologues voisins du Mozambique et du Zimbabwe (respectivement le parc Limpopo et le parc Gonarezhou) pour constituer le parc transfrontalier du Grand Limpopo afin notamment d’améliorer la circulation des animaux dans cette immense aire naturelle.

Au delà des “big five”

Ne réduisons pas la visite du parc Kruger à la quête des “big five devenue une sorte de slogan publicitaire dont abusent les brochures touristiques, comme s’il s’agissait là d’une partie de poker où il conviendrait d’abattre une quinte flush royale ! Bien sûr, on ne boudera jamais sa joie d’apercevoir les cinq grands mammifères les plus prisés et redoutés autrefois des chasseurs de fauves : le lion, l’éléphant, le léopard, le rhinocéros et le buffle. Mais par définition, dans un parc comme celui-ci, les animaux font encore largement la loi ; ils ne sont pas à notre disposition pour venir parader quand cela nous chante. Le Kruger n’est pas un zoo géant, les animaux y sont libres d’aller et venir, de vivre selon leurs règles. 

Et le privilège que nous donne ce lieu est bien de les voir évoluer dans leur habitat originel, là où chaque espèce se manifeste dans toute sa dimension. Il faut être plongé au cœur du bush pour apprécier la souveraine élégance d’une girafe qui marche à l’amble, la prestance délicate de cet animal le plus haut de notre planète, pour ressentir la grâce des impalas bondissants ou mesurer la fantaisie dont fit preuve la nature en dotant le zèbre d’une robe aussi psychédélique … 

Si les “big five” sont les rois de la savane, la richesse du parc Kruger s’exprime en d’autres chiffres : 147 espèces de mammifères, 500 espèces d’oiseaux, 116 types de reptiles. Et au-delà de la faune, c’est toute son atmosphère qui nous touche profondément : majesté des paysages servie par des lumières de rêve, fragrances du bush, bruits et silences inaccoutumés, pureté de l’air, nuits immenses qui semblent vous laver des toxines de la société.

Zèbre dans le parc Kruger
Zèbre dans le parc Kruger © C. Chenu
Un jeune singe dans les bras de sa mère dans le parc Kruger
Un jeune singe dans les bras de sa mère dans le parc Kruger © M. Cantinelli
Girafe dans le parc Kruger
Girafe dans le parc Kruger © S. Meiller

Le rhinocéros en danger

Selon les recensements effectués, le parc Kruger abrite 150 000 impalas, 32 000 zèbres, 25 000 buffles, 12 000 éléphants, 7 500 girafes, 5 000 rhinocéros, 3000 hippopotames, 1500 lions, 1 000 léopards… 

Parmi ces espèces, le rhinocéros est actuellement très menacé, tout simplement parce qu’en Chine et au Vietnam sa corne se vend à prix d’or, et même plus cher que l’or au kilo ! La fameuse corne n’est pas constituée de substance osseuse mais de kératine, que l’on trouve aussi dans nos ongles et nos cheveux. Une fois réduite en poudre, elle présenterait des vertus thérapeutiques, voire aphrodisiaques, selon la médecine traditionnelle chinoise. Durant la dernière décennie, le braconnage de ces pachydermes est devenu un fléau en Afrique du Sud qui concentre, avec environ 20 000 spécimens, 80 % des rhinocéros vivant en liberté sur la planète. Depuis 2013, le cap d’un millier d’animaux abattus annuellement dans le pays a été franchi. Le parc Kruger, très exposé à la cupidité des braconniers, s’efforce de mobiliser rangers et douaniers pour lutter contre cette contrebande meurtrière qui menace la survie de l’espèce.

Un rhinocéros dans le parc Kruger
Un rhinocéros dans le parc Kruger © S. Meiler
Éléphanteau dans le parc Kruger
Éléphanteau dans le parc Kruger © S. Meiller

Le Kruger au fil des saisons

Le parc se visite toute l’année. Pendant l’hiver austral (de mai à octobre), les températures peuvent être fraîches pendant la nuit. La végétation clairsemée permet d’apercevoir facilement les animaux, y compris à longue distance, d’autant que la pluie étant rare, ils se regroupent fréquemment autour des points d’eau pour s’abreuver.

Le printemps (novembre/décembre), davantage pluvieux, est la période des naissances et se montre propice à l’observation de scènes de chasse.

Durant l’été (de décembre à avril), les températures sont chaudes et les paysages superbes, avec une végétation luxuriante qui masque davantage les animaux. Les migrations d’oiseaux sont importantes à cette saison.

Un rollier dans le parc Kruger
Un rollier dans le parc Kruger © C. Chenu
Un calao dans le parc Kruger
Un calao dans le parc Kruger © C. Chenu

Rest camp ou réserve privée

Deux pôles, l’un public, l’autre privé, coexistent dans le Kruger. Ils correspondent à deux façons bien différentes d’aborder le parc, à la fois quant aux safaris et quant aux modes d’hébergement. 

La partie publique, la plus importante en matière de superficie, est gérée par l’organisme national des parcs d’Afrique du Sud : SANParks. Elle est maillée par un réseau de 2 500 km de routes et de pistes que l’on peut parcourir en voiture, personnelle ou de location. Diverses stations-service permettent de se ravitailler en essence. Il est bien sûr interdit de sortir de son véhicule sauf à quelques endroits prévus pour, des aires d’observation aménagées près des points d’eau et espaces de pique-niques. Ceux qui n’ont pas de voiture ou ne souhaitent pas l’utiliser peuvent participer à l’un des game drives organisés chaque jour, matin et soir, par SANParks, à bord d’un véhicule tout-terrain couvert d’un toit et conduit par un ranger qui fournit des explications sur la faune rencontrée. Quelle que soit l’option retenue, le hors-piste est formellement proscrit dans toute cette partie du parc. Côté hébergement, une vingtaine de rest camps (camps de repos) sont consacrés à l’accueil des visiteurs. Ils sont conçus comme de petits villages avec bungalows et parfois tentes, boutiques, restaurants… Les bungalows offrent un confort simple mais très correct et sont généralement dotés d’une terrasse (avec barbecue bien sûr !) qui permet de profiter d’un cadre et d’un charme rustique exceptionnels.

Pour des logements hauts de gamme, il faut faire le choix… du privé ! C’est-à-dire des réserves privées, implantées pour la plupart d’entre elles aux abords de la partie sud-ouest du parc. Leurs lodges sont souvent magnifiques et beaucoup plus chers. Ils présentent un très bon niveau de confort et de service, confinant parfois au grand luxe, et donnent ainsi l’occasion rare de séjourner douillettement dans un environnement des plus sauvages. Les safaris organisés par les réserves privées se font en petit comité, en véhicule 4×4 sans toit (c’est pratique pour les photos) et les rangers peuvent y pratiquer à loisir le hors-piste, ce qui permet de suivre les animaux pour les approcher de plus près

Alors, entre public et privé, que choisir ? L’idéal, assurément, est de ne pas choisir et d’expérimenter les deux approches du parc, différentes, mais aussi mémorables l’une que l’autre.

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