Grèce

20 voyage(s) trouvé(s)
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Séjour en Grèce : Athènes byzantine

Partez à la rencontre d’un visage d’Athènes et de sa région souvent éclipsé par les prestigieux sites antiques, mais qui rappelle pourtant l’extraordinaire richesse de la civilisation byzantine. Les monastères et petites églises donnent de merveilleux aperçus de l’architecture de cette époque, tandis que le Musée byzantin et le musée Benaki proposent quelques-unes des plus belles icônes et sculptures.

Durée 5 jours / 4 nuits
Prochain départ 10 février 2026
Thématique Escapades thématiques
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Le rébétiko, l’âme de la Grèce populaire

Le rébétiko, l'âme de la Grèce populaire

Par Flavie Thouvenin

Lorsqu’on pense à la musique grecque, le sirtaki vient immédiatement à l’esprit. Avec ses pas cadencés et son rythme enjoué, popularisé par le film Zorba le Grec, il fait le bonheur des touristes venus savourer l’atmosphère estivale du pays. Pourtant, à l’ombre des tavernes enfumées et des quartiers populaires d’Athènes, une autre mélodie résonne, plus ancienne et chargée d’émotions : le rébétiko. Ce genre musical populaire, souvent qualifié de « blues grec », a traversé les décennies et les tumultes de l’histoire du pays pour s’imposer comme l’un de ses plus vibrants héritages culturels.

Musiciens et chanteurs de rébétiko au Pirée en 1933
Musiciens et chanteurs de rébétiko au Pirée en 1933 © Wikimedia Commons

Aux origines du rébétiko, entre exil et métissage

Le rébétiko émerge dans les années 1920, à un moment charnière de l’histoire grecque. L’exil forcé des Grecs d’Asie mineure, chassés de Turquie après la guerre gréco-turque de 1919-1922, ainsi que l’exode rural des paysans et des insulaires quittant leurs terres pour chercher une vie meilleure en ville, bouleversent la société hellénique. Ces populations déplacées apportent avec elles leurs traditions musicales, fusionnant les sonorités byzantines et orientales avec les influences locales. Il en résulte un style unique, mêlant complaintes poignantes et rythmes envoûtants, joués sur des instruments traditionnels comme le bouzouki, sorte de luth à long manche, le baglama (un bouzouki plus petit et plus aigu), ainsi que la guitare, le violon ou l’accordéon.

Dans les quartiers populaires d’Athènes et du Pirée, cette musique devient la voix des ouvriers, des déclassés et des exclus de la société. Le rébétis est un marginal, un insoumis vivant en dehors des normes sociales. Le rébétiko reflète alors un monde interlope peuplé de révoltés et d’amoureux déçus. Ses chansons évoquent la dureté de la vie, la prison, l’amour contrarié, l’ivresse de l’alcool et du haschich… Elles sont chantées dans des cafés enfumés, les tekés, où musiciens et amateurs se retrouvent pour partager leurs peines et leurs joies.

À lire également : notre fiche-pays sur la Grèce

Une musique sous haute surveillance

Dans les années 1930, le genre se structure sous l’impulsion de figures emblématiques comme Markos Vamvakaris. Mais il ne tarde pas à attirer l’attention des autorités. En 1936, sous la dictature de Ioánnis Metaxás, le rébétiko est jugé décadent et subversif. Les paroles évoquant la drogue, la prison ou la marginalité sont censurées, et les musiciens traqués. Les fameuses tavernes et tekés où cette musique résonne sont souvent la cible de descentes de police.

Mais la musique résiste. Après la Seconde Guerre mondiale, le rébétiko évolue grâce à des artistes comme Vassilis Tsitsanis, qui lui donne une teinte plus populaire et accessible. D’une musique underground, il devient un phénomène national et s’intègre peu à peu aux établissements chics d’Athènes.

Vue du Pirée, qui fut un des hauts lieux du rébétiko
Vue du Pirée, un des hauts lieux du rébétiko dans les années 30 © Pexels/Maria Vlg
Le Fameux Quatuor du Pirée, dont fut membre Markos Vamvakaris (en haut à gauche), un des plus grands noms du rébétiko
Le Fameux Quatuor du Pirée, dont fut membre Markos Vamvakaris (en haut à gauche), un des plus grands noms du rébétiko © Wikimedia Commons

De la censure à la reconnaissance

Le rébétiko ne s’est pas limité aux frontières grecques. Dès les années 1920, de nombreux immigrés grecs aux États-Unis enregistrent des morceaux à New York et Chicago, contribuant à sa diffusion. Un exemple célèbre est Misirlou, mélodie rébétiko de 1927, que vous connaissez sans doute sans le savoir : elle fut rendue mondialement célèbre en 1994 par sa version rock instrumentale dans la bande-son du film Pulp Fiction de Quentin Tarantino.

Bien que le rébétiko ait connu un déclin dans les années 1960 avec l’avènement de la musique pop grecque, il a bénéficié d’un regain d’intérêt dans les années 1970-1980, notamment auprès de la jeunesse. En 2017, l’Unesco l’a inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, reconnaissant son importance dans l’identité nationale grecque. Aujourd’hui, il continue d’être enseigné et joué dans des rébétadika (cafés musicaux où se joue le rébétiko), quand des artistes contemporains réinterprètent ses grands classiques et explorent de nouvelles sonorités, transmettant ainsi cet héritage aux nouvelles générations.

Une tradition bien vivante

Pour les amateurs d’authenticité, plusieurs tavernes athéniennes proposent encore du rébétiko en live. Attention cependant : tous les groupes jouant du bouzouki ne sont pas forcément des rébétika ! La plupart des lieux mêlent aujourd’hui morceaux traditionnels et chansons populaires modernes (laïka). L’ambiance y est chaleureuse, et le programme commence souvent tard dans la soirée. Un pan incontournable de la culture hellénique à découvrir absolument !

Pour découvrir le rébétiko, voici deux morceaux représentatifs : un titre de Markos Vamvakaris, figure incontournable du genre, et la version originale de Misirlou.

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Escapade en Grèce : Rhodes la médiévale

Rhodes fut depuis l’Antiquité un objet de convoitise pour tous les peuples de la Méditerranée en raison de sa position stratégique. De ses occupations successives, l’île conserve des merveilles d’art et d’architecture. La ville médiévale de Rhodes, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, constitue un témoignage saisissant de l’importance de l’ordre militaire hospitalier de Saint-Jean, aussi bien en tant que force militaire que comme puissance religieuse. Cette escapade, placée sous le signe de l’histoire, propose une plongée vers le passé de cette île mythique qui vous révélera toute sa beauté.

Durée 6 jours / 5 nuits
Prochain départ 15 octobre 2025
Thématique Escapades thématiques
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BulgarieGrèceTurquie
Circuit en Bulgarie, Grèce et Turquie : Trésors byzantins : d’Istanbul à Mystra

Partez à la découverte des splendeurs de l’art byzantin à travers un itinéraire rare et fascinant. De la magie d’Istanbul, où l’Europe et l’Asie se frôlent, jusqu’aux vestiges majestueux de la Grèce du nord, en passant par les paysages apaisants des monastères bulgares, ce voyage est une ode à l’histoire et à la beauté. Fresques lumineuses, mosaïques scintillantes, églises millénaires et sites antiques d’exception tissent une mosaïque culturelle unique, où se mêlent les héritages des empires romain, byzantin et ottoman. Une aventure hors du temps, à vivre comme un véritable événement.

Durée 17 jours / 16 nuits
Prochain départ 30 septembre 2025
Thématique Route du savoir
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Circuit en Grèce : Des Météores au Péloponnèse

L’histoire grecque a servi de fondation à toute la culture européenne. Berceau de brillantes civilisations antiques, l’ancienne Hellade est devenue tour à tour romaine, byzantine puis ottomane avant de conquérir chèrement son autonomie. Aujourd’hui, elle offre ses splendeurs au fil de paysages variés. Les sommets de la région des Météores abritent des trésors d’art byzantin, tandis que la côte découpée sert de décor aux fiers temples antiques ainsi qu’à de pittoresques villages de pêcheurs. Un itinéraire très complet afin d’apprécier la diversité d’un pays au patrimoine culturel incomparable.

Durée 12 jours / 11 nuits
Prochain départ 8 septembre 2025
Thématique Classique
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Grèce
Circuit en Grèce : La Grèce antique en famille

Les oliviers de Grèce protègent de leurs ombres les magnifiques marbres des plus illustres sites archéologiques de Méditerranée. Si les visites d’Athènes, Delphes, Olympie, Épidaure ou Mycènes sont des passages obligés, elles n’en restent pas moins fascinantes. Et lorsqu’il s’agit d’une première découverte, on peut dire qu’elles s’apparentent bien souvent à une véritable révélation.

Durée 8 jours / 7 nuits
Prochain départ 19 octobre 2025
Thématique Familles
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Grèce
Séjour en Grèce : La Crète en famille

Qui n’a jamais rêvé enfant de suivre les pas des archéologues pour découvrir les brillantes civilisations de l’Antiquité ? Qui ne s’est jamais passionné pour les héros de la mythologie et leurs aventures extraordinaires ? Ce joli programme en Crète invite petits et grands à réaliser leurs rêves sur cette île chargée d’histoire. Quelques activités mêlant culture et divertissement offriront à tous une approche atypique de son patrimoine.

Durée 8 jours / 7 nuits
Prochain départ 12 juillet 2025
Thématique Familles
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Grèce
Circuit en Grèce : L’archipel du Dodécanèse

De par sa position stratégique aux confins de l’Europe, aux portes du Moyen-Orient, les îles du Dodécanèse connurent bien des conquêtes et des reconquêtes. De la civilisation minoenne à l’Empire ottoman, en passant par les Doriens, les Romains et les croisés, ces petits bouts de terre furent l’objet de toutes les convoitises. Elles constituent aujourd’hui une destination passionnante grâce à leur riche patrimoine, véritable empreinte des civilisations qui s’y sont succédé.

Durée 13 jours / 12 nuits
Prochain départ 27 septembre 2025
Thématique Classique
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Grèce
Circuit en Grèce : Trésors de la Macédoine

Trop souvent méconnus, les paysages et le patrimoine du nord de la Grèce offrent un tout autre visage de ce pays. Ici, les hautes montagnes présentent une végétation verdoyante, surmontée de couronnes enneigées comme sur le mont Olympe, séjour des dieux, mythique et impressionnant. Ici, l’histoire est marquée par celle des Macédoniens qui régnèrent sur cette région jusqu’au milieu du deuxième siècle. Ici, le temps semble s’être arrêté sur la presqu’île du mont Athos où vingt monastères orthodoxes forment une communauté autonome et coupée du monde. Arts et Vie vous propose de découvrir cette culture singulière au cours de ce circuit très riche en histoire.

Durée 10 jours / 9 nuits
Prochain départ 12 septembre 2025
Thématique Classique
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Circuit en Grèce : Balades dans les îles grecques

Durant les semaines les plus douces de l’année, avant ou après les grandes chaleurs de l’été, Arts et Vie vous propose de parcourir à pied les magnifiques paysages des îles grecques afin d’en savourer toutes les effluves. Vous partirez à la rencontre de leurs vestiges antiques et de leurs charmants villages de pêcheurs en toute sérénité le long de chemins bucoliques.

Durée 8 jours / 7 nuits
Prochain départ 18 octobre 2025
Thématique BaladesNature
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Fiche pays – Grèce

Fiche pays – Grèce

Par Héloïse Marchionini-Bons et Marie Lagrave

Bienvenue en Grèce, terre des dieux de l’Olympe et berceau d’une civilisation parmi les plus influentes de l’humanité. Les multiples vestiges antiques qui émaillent le pays proposent un véritable voyage dans le temps entre histoire et mythologie, faisant de la Grèce une destination phare du tourisme culturel. Les trésors millénaires de Delphes ou de Corinthe ne sauraient néanmoins complètement éclipser les différentes strates d’un patrimoine riche et fascinant que l’on découvre d’églises byzantines en cités médiévales, jusqu’aux grandes villes cosmopolites et résolument modernes. Bien sûr, les nombreuses îles paradisiaques aux eaux translucides et les villages pittoresques blanchis à la chaux qui s’égrènent le long de la route ajoutent un charme certain à cette destination enchanteresse et plurielle. Enfin, la Grèce offre une gastronomie simple mais ô combien savoureuse, où l’huile d’olive, la feta et les légumes gorgés de soleil se marient harmonieusement pour ravir les papilles des voyageurs les plus exigeants.

Vue sur l'Acropole d'Athènes
Vue sur l'Acropole d'Athènes © F. Thouvenin

CARTE D'IDENTITÉ

  • Capitale : Athènes
  • Superficie : 131 957 km2
  • Nombre d’habitants : 10 064 000 habitants (en 2021)
  • Fuseau horaire : GTM + 2 en hiver et GTM + 3 en été (une heure de décalage horaire avec la France)
  • Monnaie : l’euro
  • Langues : le grec
  • Météo : la Grèce jouit d’un climat tempéré, avec des hivers pluvieux et doux et des étés très chauds et secs

LES INCONTOURNABLES DE LA GRÈCE

L'Acropole d'Athènes

Perchée majestueusement au sommet d’une colline, l’Acropole d’Athènes domine la capitale grecque depuis des millénaires. Site archéologique incontournable, ses vestiges forment sans conteste le témoignage le plus impressionnant de la grandeur de la civilisation grecque antique. Fortifiée dès le XIIIe siècle av. J-C., la colline est d’abord une forteresse avant de devenir le centre du culte de la déesse Athéna, figure tutélaire de la cité-État. Les principaux bâtiments, dont le Parthénon, l’Érechthéion et le temple d’Athéna Niké, sont érigés au Ve siècle av. J.-C. alors qu’Athènes assoie son empire et se hisse parmi les plus grandes puissances au monde. Modèle d’architecture idéale, l’Acropole incarne l’apogée de toute une civilisation et demeure un symbole de son rayonnement culturel impérissable.

Les Cariatides de l’Érechtéion sur l’Acropole d’Athènes
Les Cariatides de l’Érechtéion sur l’Acropole d’Athènes © L. Domenach

Les monastères perchés des Météores

Au cœur de la Grèce continentale, dans un paysage constitué d’impressionnants pythons de grès semblant inaccessibles, des moines anachorètes s’installèrent dès le XIe siècle. Vivants au départ dans des grottes, ils édifièrent aux XIVe et XVe siècles de majestueux monastères orthodoxes, défiant les difficultés liées au terrain. Des dizaines d’édifices construits à l’époque, six demeurent aujourd’hui encore actifs. Véritables joyaux architecturaux ornés de fresques admirablement préservées, ils sont aussi le témoignage vivant d’une histoire séculaire et d’une foi chrétienne orthodoxe encore intacte. La visite de ces monastères offre ainsi une belle opportunité de plonger dans l’histoire religieuse et culturelle de la Grèce, tout en profitant de vues panoramiques à couper le souffle sur les paysages sublimes qui les entourent.

À découvrir lors des circuits : Des Météores au Péloponnèse et Flâneries grecques

Vue sur un monastère perché des Météores
Vue sur un monastère perché des Météores ©J.-M. Laurent

Santorin et sa caldeira

Au cœur de la mer Égée, l’archipel des Cyclades égrène son chapelet d’îles aux panoramas de cartes postales : Paros, Milos, Mykonos… Toutes invitent à la flânerie dans les ruelles de leurs villages tout de bleu et de blanc vêtus, ponctués de bougainvilliers au rose éclatant. Si elles ont chacune leurs spécificités et leurs attraits, une se démarque néanmoins : Santorin la volcanique, perle des Cyclades. En forme de croissant, elle doit sa géographie actuelle à une gigantesque éruption survenue il y a 3 500 ans, qui fit s’effondrer une partie de l’île, créant une impressionnante caldeira. Les deux villages principaux, typiquement cycladiques, Fira et Oia, surplombent désormais la mer du haut d’une falaise rouge et noire de 200 à 300 m de haut.

À découvrir lors des circuits : Les Cyclades

Vue de Santorin
Vue de Santorin ©A. Bayard

La cité médiévale de Rhodes

Située aux confins de la mer Égée, près des côtes turques, l’île de Rhodes, la plus grande du Dodécanèse, suscita bien des convoitises au cours de l’histoire. Des multiples conquêtes et reconquêtes qu’elle connut, on retient surtout celle des chevaliers de la Saint-Jean de Jérusalem, ordre religieux et militaire qui occupa l’île de 1309 à 1523. Installés dans la capitale, ils entreprirent de faire d’elle une immense place forte, capable de résister aux plus grandes armées. L’impressionnante cité médiévale, aux étroites rues pavées enserrées dans ses remparts toujours intacts, est aujourd’hui un joyau d’architecture gothique, classé au patrimoine mondial de l’Unesco.

À découvrir lors du circuit : L’archipel du Dodécanèse

Le palais des Grands Maîtres à Rhodes
Le palais des Grands Maîtres à Rhodes ©S. Tossounoglou

LES COUPS DE COEUR DE NOS SPÉCIALISTES

Flavie Thouvenin, assistante d'édition-iconographe

« Après une journée d’exploration des vestiges antiques de la cité historique d’Athènes, quoi de mieux que le spectacle envoûtant d’un coucher de soleil sur l’Acropole pour terminer en beauté? Après une petite grimpette le long d’un sentier arboré, c’est au sommet de la colline de Philopappos (également connue sous le nom de colline des Muses) que se révèle l’un des plus beaux points de vue sur la capitale grecque. À l’heure dorée du crépuscule, les dernières lueurs du soleil couchant au-dessus des montagnes athéniennes et des temples millénaires créent des vues dignes des plus belles cartes postales ! »

Emmanuelle Bons, coordinatrice éditoriale

« Mes souvenirs du canal de Corinthe constituent sans doute les images les plus insolites que j’ai gardées de Grèce. Ces immenses parois rocheuses très abruptes lançant passer une mince voie d’eau, ce pont métallique qui semble délicatement posé entre les deux “rives” ! Vertige assuré ! »

Retrouvez l’intégralité des programmes Arts et Vie en Grèce

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Le site archéologique de Delphes

Delphes : 130 ans de découvertes sur un site mythique

Par Constance Arhanchiague

Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie et Archéologia

Situé dans un environnement exceptionnel, sur les pentes du mont Parnasse, Delphes fête les 130 ans de sa « Grande Fouille » menée par l’École française d’Athènes à la fin du XIXe siècle, celle qui permit de mettre au jour ses principaux vestiges. Depuis, la connaissance du site n’a cessé d’évoluer. Occupé dès la Préhistoire, il voit au IXe siècle avant J.-C. le développement du culte d’Apollon et la naissance du sanctuaire destiné à devenir un des hauts lieux du monde antique. Puis, à la fin du VIe siècle avant J.-C. la naissance des fameux jeux pythiques, là encore en l’honneur du dieu du soleil et des arts. Site mythique, Delphes était aussi pour les anciens Grecs, l’omphalos, le centre du monde.

Vue générale du sanctuaire de Delphes
Vue générale du sanctuaire de Delphes © Adobe Stock / luri

La cité de Delphes

Si l’on a tendance à réduire Delphes à son sanctuaire, le site fut pourtant habité de façon continue pendant vingt siècles environ, de la préhistoire au milieu du Moyen Âge, puis de nouveau du XIIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle, au moment du déplacement du village installé dans les ruines pour permettre la Grande Fouille de 1892.

Dès l’époque mycénienne, il y eut effectivement une cité d’importance moyenne, comptant entre 800 et 1 000 hommes adultes. Autour des années 1200 avant J.-C., de violents orages détruisent les maisons et palais mycéniens. Pour autant, l’occupation ne s’est pas interrompue, et le début de l’âge du Fer est bien attesté à Delphes.

Les lieux du culte d’Apollon furent d’abord insérés dans l’habitat, toujours séparé des nécropoles, puis au début du VIe siècle avant notre ère, après l’incendie du premier temple en pierre, le site connut une profonde restructuration qui sépara le monde des dieux de celui des hommes et permit d’honorer Apollon avec un faste accru.

À découvrir avec les circuits Arts et Vie :
La Grèce antique en famille et Des Météores au Péloponnèse

Un sanctuaire d'une immense renommée

Les vestiges du temple d’Apollon, à Delphes
Les vestiges du temple d’Apollon © L. Domenach

Dans une lettre où il évoque sa visite de Delphes en janvier 1851, l’écrivain Gustave Flaubert décrit ainsi l’effet produit par le paysage : « Avoir choisi Delphes pour y mettre la Pythie est un coup de génie. C’est un paysage à terreurs religieuses, vallée étroite entre deux montagnes presque à pic, le fond plein d’oliviers noirs, les montagnes rouges et vertes, le tout garni de précipices, avec la mer au fond et un horizon de montagnes couvertes de neige ».

Le cadre saisissant du site de Delphes, marqué par des épisodes naturels violents, climatiques et géologiques, peut en effet expliquer l’institution de l’oracle d’Apollon à Delphes et sa pérennité. Accroché aux falaises Phédriades, dans le massif du Parnasse, entre 500 et 700 m d’altitude, le site présente une forte déclivité naturelle, de 35 % en moyenne, ce qui a imposé dès les débuts de l’occupation un aménagement en terrasses. La région dans laquelle il se trouve, au nord du golfe de Corinthe, est soumise à l’activité sismique la plus importante d’Europe, dans un contexte de failles actives.

Très rapidement, l’oracle est consulté par d’autres Grecs que les Delphiens, venus de Sparte, de Corinthe ou de Chalcis. Le mouvement de colonisation des cités grecques dans l’ensemble du bassin méditerranéen et le développement des concours pythiques à l’époque archaïque entérinent ce succès.

Sanctuaire à caractère d’abord régional, Delphes acquiert ainsi au cours des VIIIe et VIIe siècles avant J.-C. une dimension panhellénique et dépasse, peu à peu, les frontières du monde grec. En témoignent notamment l’origine géographique des offrandes des cités et celle des pèlerins, venus d’Asie Mineure, du Proche-Orient, de Grande-Grèce ou d’ailleurs en Méditerranée occidentale. Le sanctuaire d’Apollon devient un centre religieux et culturel du monde grec, où la consultation oraculaire s’impose avant la prise de toute décision importante, que celle-ci concerne l’individu ou la communauté.

Le temple d'Apollon

Les vestiges du temple d’Apollon à Delphes
Les vestiges du temple d’Apollon à Delphes ©C. Bichard

Sur la terrasse principale du sanctuaire s’élève le célèbre temple d’Apollon, où la Pythie recevait les paroles du dieu pour les transmettre aux pèlerins. Décrit par Pausanias au IIe siècle après J.-C., cet édifice a connu, avant notre ère, plusieurs états antérieurs.

Après les sanctuaires mythiques dédiés à Apollon, trois temples de pierre se sont en effet succédé et ont laissé chacun des vestiges. Le premier, datant du VIIe siècle avant J.-C., brûla accidentellement en -548 : l’archéologie a permis de découvrir des blocs en remploi et des tuiles. Après l’incendie, un vaste chantier se mit en place, prévoyant un agrandissement considérable de l’espace sacré, avec une vaste terrasse dévolue au temple et à ses abords, l’Apollonion. La construction du deuxième temple (achevée à la fin du VIe siècle avant J.-C.) a laissé un décor sculpté en marbre (fronton est avec l’arrivée d’Apollon et lions-gargouilles) et en pierre tendre (Gigantomachie).

Enfin, le dernier temple, bâti au IVe siècle avant notre ère et décrit ensuite par Pausanias, exalte les liens entre Apollon et Dionysos, le dieu qui séjourne à Delphes en hiver. Sa reconstruction est documentée par les comptes qui ont été gravés. C’est un temple dorique, entouré d’une colonnade de six colonnes en façade et de quinze sur les côtés. Il comprend un vestibule (pronaos) avec le célèbre « E » de Delphes et les maximes des Sept sages, une cella dont la partie postérieure était l’adyton où la pythie rendait les oracles et, à l’arrière, l’opisthodome qui abritait une grande statue connue par des monnaies d’époque impériale.

Si les recherches menées depuis plus de cent ans ont permis de restituer avec une certaine assurance l’aspect extérieur des deux derniers temples, les archéologues de la Grande Fouille (1892-1902) ne cachèrent toutefois pas leur déception en découvrant un grand trou béant à l’endroit où se trouvait l’antre de la Pythie, sur lequel des générations d’artistes et d’érudits avaient fantasmé…

Qui étaient les mystérieuses « Pythie » ?

Au cœur de l’activité du sanctuaire se trouve la Pythie. Immortalisée par la littérature antique, cette figure de prophétesse a fasciné les hommes, des Grecs à aujourd’hui.

Durant presque un millénaire, des centaines de femmes se succédèrent sur le trépied d’Apollon pythien pour rendre son oracle et être « celles qui parlent pour lui ». À l’époque archaïque (VIIIe-VIe siècle avant J.-C.), la Pythie ne rendait d’oracles qu’une fois par an, le jour de la naissance d’Apollon. Mais le succès du sanctuaire aurait conduit à des consultations mensuelles voire à la désignation de plusieurs Pythies en même temps.

Nous ne savons presque rien de ces femmes. Choisies par les prêtres d’Apollon parmi les familles les plus respectables de Delphes, c’étaient à l’origine des jeunes filles vierges. Diodore nous apprend cependant qu’à la suite d’un rapt, on aurait ensuite privilégié les femmes d’âge mûr. À l’époque impériale, des inscriptions nous révèlent que des Pythies ont été mariées et ont eu des enfants avant d’être choisies pour l’oracle.

Pour la consultation oraculaire, la Pythie devait se purifier en jeûnant et en se lavant dans la source Castalie. Les consultants, eux aussi purifiés, entraient alors dans le temple et, selon leur rang, étaient autorisés ou non à approcher pour s’adresser eux-mêmes à la Pythie et entendre la réponse d’Apollon de la bouche de sa prêtresse. Les sources antiques indiquent que la Pythie voyait les consultants, mais rien n’indique que la réciproque était vraie…

Si les oracles nous sont parvenus par centaines, grâce à la littérature antique et des inscriptions sur pierre, seules ont été véritablement consignées les consultations politiques. La Pythie devint ainsi un véritable acteur politique, que certains soupçonnèrent de parti pris en l’accusant d’être favorable tantôt aux Perses, tantôt aux Spartiates ou aux Macédoniens.

Des offrandes monumentales

Le trésor des Athéniens à Delphes
Le trésor des Athéniens © L. Domenach

Les individus ou communautés adressaient à Apollon une consécration afin de jouir de sa faveur et le remercier de son oracle. Il pouvait s’agir de statues ou d’édifices, érigés à la demande de communautés ou de souverains. Le « trésor » désigne ainsi le type le plus courant de monument à Delphes, attesté par une trentaine d’exemples. Les trésors pouvaient être de simples édifices ou reprendre le plan et l’élévation d’un petit temple ; propres à chaque cité, ils en conservaient les offrandes précieuses.

Parmi les statues les plus célèbres, figure la Sphinge de Naxos juchée sur une colonne qui dépassaient les douze mètres. Les recherches et reconstitutions archéologiques publiées dans le numéro d’Archéologia à paraître en septembre 2022, viennent de montrer que les « danseuses » de Delphes, qui ont inspiré Debussy, perchées elles aussi sur une colonne, étaient en fait des caryatides portant un trépied abritant lui-même un œuf symbolisant l’omphalos, le « centre du monde ». Ces offrandes qui se sont accumulées au fil des siècles ont profondément redéfini le paysage du sanctuaire et lui ont conféré son visage actuel.

Place aux concours sportifs et musicaux !

Le théâtre de Delphes
Le théâtre de Delphes © L. Domenach

Les Pythia, organisées tous les quatre ans depuis 582 avant J.-C., comprenaient, outre des épreuves athlétiques et hippiques, des concours musicaux – une particularité propre à Delphes. Ceci explique la présence à l’origine d’un odéon parmi les monuments, qui fut remplacé par un théâtre au IIe siècle avant notre ère, grâce à la générosité du roi de Pergame. Apollon, dieu des arts, avait comme attribut la lyre. De très nombreux comédiens, musiciens et athlètes affluaient ainsi régulièrement vers Delphes de l’ensemble du bassin méditerranéen.

Outre le théâtre, ces concours ont conduit à l’aménagement d’espaces spécialement conçus pour l’organisation des différentes épreuves athlétiques et hippiques, à savoir un hippodrome et un stade, mais aussi un gymnase dévolu à l’entraînement des concurrents.

La construction de ces ensembles dans un environnement aussi abrupt a représenté un véritable défi. Le terrain était par endroit si pentu qu’il fallut élever de hauts murs de soutènement, notamment pour former les deux immenses esplanades du gymnase.

Le stade a pu être entièrement dégagé lors de la Grande Fouille, et constitue l’un des exemples les mieux conservés dans l’ensemble du monde antique. Une importante série d’inscriptions relatives au stade et au gymnase, essentiellement des comptes associés à leur construction et à leur entretien, nous sont également parvenus. La possibilité de croiser des données archéologiques et textuelles constitue ainsi un observatoire privilégié pour l’étude de l’équipement architectural consacré à l’entraînement et aux concours dans l’Antiquité.

 

Pour en savoir plus :

  • Le Dossier d’Archéologie n°411 sur « Delphes, redécouverte d’un sanctuaire millénaire », conçu avec les meilleurs spécialistes du sujet, professeurs d’archéologie grecque et maîtres de conférences
  • Archéologia n°612, avec un grand dossier sur Delphes et les 130 ans de résultats de recherche. À paraître en septembre 2022, disponible en ligne et en kiosque

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Delphes : 130 ans de découvertes sur un site mythique

Par Constance Arhanchiague

Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie et Archéologia

Situé dans un environnement exceptionnel, sur les pentes du mont Parnasse, Delphes fête les 130 ans de sa « Grande Fouille » menée par l’École française d’Athènes à la fin du XIXe siècle, celle qui permit de mettre au jour ses principaux vestiges. Depuis, la connaissance du site n’a cessé d’évoluer. Occupé dès la Préhistoire, il voit au IXe siècle avant J.-C. le développement du culte d’Apollon et la naissance du sanctuaire destiné à devenir un des hauts lieux du monde antique. Puis, à la fin du VIe siècle avant J.-C. la naissance des fameux jeux pythiques, là encore en l’honneur du dieu du soleil et des arts. Site mythique, Delphes était aussi pour les anciens Grecs, l’omphalos, le centre du monde.

Vue générale du sanctuaire de Delphes
Vue générale du sanctuaire de Delphes © Adobe Stock / luri

La cité de Delphes

Si l’on a tendance à réduire Delphes à son sanctuaire, le site fut pourtant habité de façon continue pendant vingt siècles environ, de la préhistoire au milieu du Moyen Âge, puis de nouveau du XIIIe siècle jusqu’à la fin du XIXe siècle, au moment du déplacement du village installé dans les ruines pour permettre la Grande Fouille de 1892.

Dès l’époque mycénienne, il y eut effectivement une cité d’importance moyenne, comptant entre 800 et 1 000 hommes adultes. Autour des années 1200 avant J.-C., de violents orages détruisent les maisons et palais mycéniens. Pour autant, l’occupation ne s’est pas interrompue, et le début de l’âge du Fer est bien attesté à Delphes.

Les lieux du culte d’Apollon furent d’abord insérés dans l’habitat, toujours séparé des nécropoles, puis au début du VIe siècle avant notre ère, après l’incendie du premier temple en pierre, le site connut une profonde restructuration qui sépara le monde des dieux de celui des hommes et permit d’honorer Apollon avec un faste accru.

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Un sanctuaire d'une immense renommée

Les vestiges du temple d’Apollon, à Delphes
Les vestiges du temple d’Apollon © L. Domenach

Dans une lettre où il évoque sa visite de Delphes en janvier 1851, l’écrivain Gustave Flaubert décrit ainsi l’effet produit par le paysage : « Avoir choisi Delphes pour y mettre la Pythie est un coup de génie. C’est un paysage à terreurs religieuses, vallée étroite entre deux montagnes presque à pic, le fond plein d’oliviers noirs, les montagnes rouges et vertes, le tout garni de précipices, avec la mer au fond et un horizon de montagnes couvertes de neige ».

Le cadre saisissant du site de Delphes, marqué par des épisodes naturels violents, climatiques et géologiques, peut en effet expliquer l’institution de l’oracle d’Apollon à Delphes et sa pérennité. Accroché aux falaises Phédriades, dans le massif du Parnasse, entre 500 et 700 m d’altitude, le site présente une forte déclivité naturelle, de 35 % en moyenne, ce qui a imposé dès les débuts de l’occupation un aménagement en terrasses. La région dans laquelle il se trouve, au nord du golfe de Corinthe, est soumise à l’activité sismique la plus importante d’Europe, dans un contexte de failles actives.

Très rapidement, l’oracle est consulté par d’autres Grecs que les Delphiens, venus de Sparte, de Corinthe ou de Chalcis. Le mouvement de colonisation des cités grecques dans l’ensemble du bassin méditerranéen et le développement des concours pythiques à l’époque archaïque entérinent ce succès.

Sanctuaire à caractère d’abord régional, Delphes acquiert ainsi au cours des VIIIe et VIIe siècles avant J.-C. une dimension panhellénique et dépasse, peu à peu, les frontières du monde grec. En témoignent notamment l’origine géographique des offrandes des cités et celle des pèlerins, venus d’Asie Mineure, du Proche-Orient, de Grande-Grèce ou d’ailleurs en Méditerranée occidentale. Le sanctuaire d’Apollon devient un centre religieux et culturel du monde grec, où la consultation oraculaire s’impose avant la prise de toute décision importante, que celle-ci concerne l’individu ou la communauté.

Le temple d'Apollon

Les vestiges du temple d’Apollon à Delphes
Les vestiges du temple d’Apollon à Delphes ©C. Bichard

Sur la terrasse principale du sanctuaire s’élève le célèbre temple d’Apollon, où la Pythie recevait les paroles du dieu pour les transmettre aux pèlerins. Décrit par Pausanias au IIe siècle après J.-C., cet édifice a connu, avant notre ère, plusieurs états antérieurs.

Après les sanctuaires mythiques dédiés à Apollon, trois temples de pierre se sont en effet succédé et ont laissé chacun des vestiges. Le premier, datant du VIIe siècle avant J.-C., brûla accidentellement en -548 : l’archéologie a permis de découvrir des blocs en remploi et des tuiles. Après l’incendie, un vaste chantier se mit en place, prévoyant un agrandissement considérable de l’espace sacré, avec une vaste terrasse dévolue au temple et à ses abords, l’Apollonion. La construction du deuxième temple (achevée à la fin du VIe siècle avant J.-C.) a laissé un décor sculpté en marbre (fronton est avec l’arrivée d’Apollon et lions-gargouilles) et en pierre tendre (Gigantomachie).

Enfin, le dernier temple, bâti au IVe siècle avant notre ère et décrit ensuite par Pausanias, exalte les liens entre Apollon et Dionysos, le dieu qui séjourne à Delphes en hiver. Sa reconstruction est documentée par les comptes qui ont été gravés. C’est un temple dorique, entouré d’une colonnade de six colonnes en façade et de quinze sur les côtés. Il comprend un vestibule (pronaos) avec le célèbre « E » de Delphes et les maximes des Sept sages, une cella dont la partie postérieure était l’adyton où la pythie rendait les oracles et, à l’arrière, l’opisthodome qui abritait une grande statue connue par des monnaies d’époque impériale.

Si les recherches menées depuis plus de cent ans ont permis de restituer avec une certaine assurance l’aspect extérieur des deux derniers temples, les archéologues de la Grande Fouille (1892-1902) ne cachèrent toutefois pas leur déception en découvrant un grand trou béant à l’endroit où se trouvait l’antre de la Pythie, sur lequel des générations d’artistes et d’érudits avaient fantasmé…

Qui étaient les mystérieuses « Pythie » ?

Au cœur de l’activité du sanctuaire se trouve la Pythie. Immortalisée par la littérature antique, cette figure de prophétesse a fasciné les hommes, des Grecs à aujourd’hui.

Durant presque un millénaire, des centaines de femmes se succédèrent sur le trépied d’Apollon pythien pour rendre son oracle et être « celles qui parlent pour lui ». À l’époque archaïque (VIIIe-VIe siècle avant J.-C.), la Pythie ne rendait d’oracles qu’une fois par an, le jour de la naissance d’Apollon. Mais le succès du sanctuaire aurait conduit à des consultations mensuelles voire à la désignation de plusieurs Pythies en même temps.

Nous ne savons presque rien de ces femmes. Choisies par les prêtres d’Apollon parmi les familles les plus respectables de Delphes, c’étaient à l’origine des jeunes filles vierges. Diodore nous apprend cependant qu’à la suite d’un rapt, on aurait ensuite privilégié les femmes d’âge mûr. À l’époque impériale, des inscriptions nous révèlent que des Pythies ont été mariées et ont eu des enfants avant d’être choisies pour l’oracle.

Pour la consultation oraculaire, la Pythie devait se purifier en jeûnant et en se lavant dans la source Castalie. Les consultants, eux aussi purifiés, entraient alors dans le temple et, selon leur rang, étaient autorisés ou non à approcher pour s’adresser eux-mêmes à la Pythie et entendre la réponse d’Apollon de la bouche de sa prêtresse. Les sources antiques indiquent que la Pythie voyait les consultants, mais rien n’indique que la réciproque était vraie…

Si les oracles nous sont parvenus par centaines, grâce à la littérature antique et des inscriptions sur pierre, seules ont été véritablement consignées les consultations politiques. La Pythie devint ainsi un véritable acteur politique, que certains soupçonnèrent de parti pris en l’accusant d’être favorable tantôt aux Perses, tantôt aux Spartiates ou aux Macédoniens.

Des offrandes monumentales

Le trésor des Athéniens à Delphes
Le trésor des Athéniens © L. Domenach

Les individus ou communautés adressaient à Apollon une consécration afin de jouir de sa faveur et le remercier de son oracle. Il pouvait s’agir de statues ou d’édifices, érigés à la demande de communautés ou de souverains. Le « trésor » désigne ainsi le type le plus courant de monument à Delphes, attesté par une trentaine d’exemples. Les trésors pouvaient être de simples édifices ou reprendre le plan et l’élévation d’un petit temple ; propres à chaque cité, ils en conservaient les offrandes précieuses.

Parmi les statues les plus célèbres, figure la Sphinge de Naxos juchée sur une colonne qui dépassaient les douze mètres. Les recherches et reconstitutions archéologiques publiées dans le numéro d’Archéologia à paraître en septembre 2022, viennent de montrer que les « danseuses » de Delphes, qui ont inspiré Debussy, perchées elles aussi sur une colonne, étaient en fait des caryatides portant un trépied abritant lui-même un œuf symbolisant l’omphalos, le « centre du monde ». Ces offrandes qui se sont accumulées au fil des siècles ont profondément redéfini le paysage du sanctuaire et lui ont conféré son visage actuel.

Place aux concours sportifs et musicaux !

Le théâtre de Delphes
Le théâtre de Delphes © L. Domenach

Les Pythia, organisées tous les quatre ans depuis 582 avant J.-C., comprenaient, outre des épreuves athlétiques et hippiques, des concours musicaux – une particularité propre à Delphes. Ceci explique la présence à l’origine d’un odéon parmi les monuments, qui fut remplacé par un théâtre au IIe siècle avant notre ère, grâce à la générosité du roi de Pergame. Apollon, dieu des arts, avait comme attribut la lyre. De très nombreux comédiens, musiciens et athlètes affluaient ainsi régulièrement vers Delphes de l’ensemble du bassin méditerranéen.

Outre le théâtre, ces concours ont conduit à l’aménagement d’espaces spécialement conçus pour l’organisation des différentes épreuves athlétiques et hippiques, à savoir un hippodrome et un stade, mais aussi un gymnase dévolu à l’entraînement des concurrents.

La construction de ces ensembles dans un environnement aussi abrupt a représenté un véritable défi. Le terrain était par endroit si pentu qu’il fallut élever de hauts murs de soutènement, notamment pour former les deux immenses esplanades du gymnase.

Le stade a pu être entièrement dégagé lors de la Grande Fouille, et constitue l’un des exemples les mieux conservés dans l’ensemble du monde antique. Une importante série d’inscriptions relatives au stade et au gymnase, essentiellement des comptes associés à leur construction et à leur entretien, nous sont également parvenus. La possibilité de croiser des données archéologiques et textuelles constitue ainsi un observatoire privilégié pour l’étude de l’équipement architectural consacré à l’entraînement et aux concours dans l’Antiquité.

 

Pour en savoir plus :

  • Le Dossier d’Archéologie n°411 sur « Delphes, redécouverte d’un sanctuaire millénaire », conçu avec les meilleurs spécialistes du sujet, professeurs d’archéologie grecque et maîtres de conférences
  • Archéologia n°612, avec un grand dossier sur Delphes et les 130 ans de résultats de recherche. À paraître en septembre 2022, disponible en ligne et en kiosque

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