C’est du chinois !
Par Flavie Thouvenin
Article originellement publié dans le Plus d’Arts et Vie #166 (Été 2021)
Près de 1,3 milliards de locuteurs sur le globe, soit quasiment 20 % de la population mondiale de notre planète bleue parlerait chinois. Des chiffres qui font tourner la tête ! À titre comparatif, l’anglais, souvent désigné comme la “langue internationale” serait la première langue d’environ 360 millions de terriens. De quoi se sentir petits, nous autres Français, dont la langue de Molière est pourtant pratiquée par 235 millions de personnes. Mais que désigne exactement le “chinois” ? Entre chinois standard, dialectes et sous-dialectes, il n’y a en réalité pas une mais des langues chinoises…

Langues chinoises et langues de Chine
Parler du “chinois” comme d’une seule langue reviendrait un peu à parler de “l’européen”. Avec 1,4 milliard d’habitants et une mosaïque d’ethnies et de cultures, la Chine abrite en réalité une diversité linguistique impressionnante. L’Académie chinoise des sciences sociales recense environ 130 langues, mais certains chercheurs en comptent plus de 200, voire 300 si l’on inclut les variantes locales.
En réalité, ce que nous nommons “chinois” regroupe surtout les langues sinitiques (mandarin, cantonais, wu, min…), elles-mêmes issues de la famille sino-tibétaine. Mais le pays est aussi traversé par d’autres familles linguistiques : langues altaïques (ouïgour, mandchou), thaï-kadai (zhuang), hmong-mien, austro-asiatiques (wa), ou encore indo-européennes comme le russe ou le tadjik dans certaines zones frontalières. Sans oublier le coréen, parlé dans le nord-est.
Un véritable kaléidoscope linguistique, reflet de la richesse culturelle de l’Empire du Milieu !
Le mandarin, numéro un des langues chinoises
Au milieu de cette mosaïque linguistique, une langue domine : le mandarin. Quand on parle de “chinois” sans précision, c’est généralement à lui que l’on fait référence. Langue maternelle de près de 70 % des Chinois, il est aussi la langue la plus parlée au monde : environ 917 millions de locuteurs, soit 20 % de la population mondiale !
Issu du chinois archaïque, le mandarin repose sur des idéogrammes parmi les plus anciens systèmes d’écriture connus. Comme les autres langues chinoises, c’est une langue à tons (4 en tout), où l’intonation peut totalement changer le sens d’un mot – un vrai défi pour les apprenants occidentaux.
Standardisé et déclaré langue officielle en 1956, le mandarin est aujourd’hui enseigné dans toutes les écoles de Chine et parlé également à Taïwan et Singapour. Devenu incontournable dans le commerce international, il connaît un essor mondial, porté notamment par les 525 Instituts Confucius, dont 17 en France.

Le cantonais, langue de la culture
Néanmoins, derrière la domination du mandarin, une autre langue chinoise rayonne : le cantonais. Parlée par environ 71 millions de personnes, surtout dans la région de Canton, à Hong Kong et Macao, elle partage le même système d’écriture que le mandarin mais diffère largement à l’oral. Avec ses 9 tons (contre 4 en mandarin), sa grammaire et son vocabulaire spécifiques, elle reste incompréhensible pour un locuteur mandarin.
Moins standardisé et parfois perçu comme un rival du mandarin, le cantonais est pourtant un pilier culturel. Il est la langue de la pop culture de Hong Kong : cinéma, séries, musique (la fameuse cantopop), dont l’influence dépasse largement les frontières de la Chine. À noter : dans les médias et en contexte officiel, c’est la seule autre langue chinoise utilisée après le mandarin.
Une mosaïque de dialectes

Au-delà du mandarin et du cantonais, la Chine compte de nombreuses autres langues sinitiques. Le wu, parlé à Shanghai et dans les régions voisines (Jiangsu, Zhejiang), réunit environ 80 millions de locuteurs, soit davantage que le cantonais. Dans le Jiangxi et une partie du Hunan, de l’Anhui et du Hubei, c’est le gan qui rassemble quelque 41 millions de personnes. Plus à l’ouest et au sud, le hakka domine dans plusieurs provinces comme le Guangdong, le Sichuan ou le Guangxi, avec près de 47 millions de locuteurs.
À ces grands ensembles s’ajoutent une multitude de dialectes locaux, parfois spécifiques à une ville ou un village, qui témoignent de la richesse culturelle et de la diversité ethnique de la Chine.
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