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Hongrie
Les cafés historiques de Budapest – Hongrie

Les cafés historiques de Budapest – Hongrie

Par Flavie Thouvenin

Après plusieurs décennies d’une histoire tourmentée assombrie par les régimes nazi et communiste, Budapest a aujourd’hui retrouvé l’effervescence et la prospérité qui avait fait de la perle du Danube une ville de prestige et d’avant-garde au début du XXe siècle. Les touristes ne s’y trompent pas : en passe de détrôner Berlin et Prague au rang des destinations les plus en vues de l’est européen, la capitale hongroise mise tout sur ses nombreux attraits. Il faut dire que les clichés de carte postale n’y manquent pas, et les amoureux de culture y trouvent leur compte, tout en y savourant sa douceur de vivre.

À lire également : notre fiche pays sur la Hongrie

Ainsi, on remonte le temps côté Buda sur les traces de l’ancien royaume magyar, on flâne dans les rues de Pest en se régalant de ses trésors d’architecture, on longe le Danube à bord de ses pittoresques tramways jaunes, on barbote dans eaux médicinales des bains thermaux les plus courus… Et pour prendre le pouls de la ville et profiter d’une pause bien méritée entre deux visites de musées, on s’attable dans l’un de ses nombreux cafés historiques pour s’y délecter de quelques douceurs locales ! Témoins de l’histoire de la capitale depuis plus d’un siècle, anciens repaires de l’intelligentsia, ils offrent à eux seuls un véritable voyage dans le temps et représentent une tranche d’histoire de la Hongrie. Tour d’horizons de trois des plus beaux cafés de la ville.

Vue sur le Parlement de Budapest
Le Parlement ©A.-G. Brugeron

Le Café New York

S’il est un incontournable des cafés budapestois, c’est bien le Café New York, le plus grand d’entre eux, et l’un des plus anciens, d’ailleurs promu au titre de « plus beau café du monde », rien de moins ! Ouvert en 1894 dans un beau building du boulevard Erzsébet appartenant alors à New York Life Insurance Company (d’où son nom), il fut l’un des cafés les plus fréquentés par l’élite culturelle locale au tournant du xxe siècle. Écrivains, poètes, éditeurs, journalistes et artistes en tout genre venaient y refaire le monde dans son décor fastueux de style Renaissance italienne où les marbres miroitants des sols et des colonnes se mêlent aux fresques des plafonds et aux dorures rutilantes des luminaires.

Tombé en perdition après la Seconde Guerre mondiale puis transformé en magasin d’articles de sport, il réouvrit dans les années 50 sous le nom de Hungária mais dû attendre 2006 et son acquisition par un nouveau propriétaire pour retrouver son éclat d’antan à la faveur d’une rénovation complète, alors bien méritée. Aujourd’hui très fréquenté par les touristes, il demeure un passage obligé de toute escale dans la capitale hongroise. Bien installés sur ses fauteuils de velours rouge, c’est un véritable spectacle qui se déroule sous nos yeux, le ballet des serveurs répondant à la douce mélodie de piano qui résonne entre ses murs…

Un régal tant pour les yeux que pour les papilles ! On y vient notamment siroter un excellent chocolat chaud à l’ancienne, riche et onctueux, ou (pour les plus téméraires) un café hongrois, mélange de café, de sucre et de palinka (l’eau de vie locale) aux cerises noires, accompagné d’une généreuse couche de crème fouettée.

à l'intérieur du Café New York à Budapest
A l'intérieur du Café New York © F. Thouvenin
Le chocolat chaud à l’ancienne, une des spécialités du café © F. Thouvenin
Détail des plafonds et colonnes du Café New York, à Budapest
Détail des plafonds et colonnes © F. Thouvenin

Le Café Gerbeaud

En plein centre de Pest, il est une autre institution qui fait parler d’elle : le Café Gerbeaud. À l’origine des lieux, pourtant, point de monsieur Gerbeaud mais un certain Henrik Kugler. Issu d’une grande lignée de pâtissiers, Kugler ouvre son commerce en 1858 sur la place Jozsef Nador, avant de bientôt déménager sur la place Vörösmarty voisine. Si le café-confiserie Kugler est déjà très en vogue chez la bonne société budapestoise (il se dit que l’impératrice Sissi y faisait une escale à chacun de ses passages dans la ville), c’est son rachat en 1880 par Émile Gerbeaud, pâtissier-chocolatier suisse, qui feront des lieux – alors rebaptisés Café Gerbeaud – une véritable référence.

Entrepreneur de talent, Gerbeaud ne laissait rien au hasard, attentif au moindre détail, du goût de ses créations gourmandes, bien sûr, jusqu’à leur esthétique, en passant par leur emballage et la décoration des lieux (les amateurs d’art les plus attentifs reconnaîtront ainsi, dans l’un des salons, un tableau de Gustave Moreau). À la fin du xxe siècle, le Café Gerbeaud n’est plus seulement une institution locale et jouit d’une renommée internationale. Monsieur Gerbeaud devint même membre du jury de l’Exposition universelle de 1900 et recevra la Légion d’honneur française ! À sa mort, en 1919, sa veuve, Ester Ramseyer, fille d’un chocolatier français, prend la gestion du café et maintient sa réputation jusqu’à sa disparition, en 1940.

Après la guerre et l’avènement de l’URSS, les lieux sont nationalisés : le café devient Café Vörösmarty et perd son éclat d’antan… Des années sombres qui prendront fin dans les années 90. Alors que Budapest sort de la grisaille soviétique, les héritiers Gerbeaud rachètent le commerce. Le Café Gerbeaud renaît et retrouve son atmosphère d’autrefois ! Aujourd’hui encore, dans le confort de ses salons feutrés, on se délecte de pâtisseries hongroises savamment exécutées, comme la tarte Dobos (gâteau alternant couches de génoise et crème au chocolat), ou le fameux gâteau Gerbeaud (Zserbo en hongrois), au chocolat, aux noix et à la confiture d’abricot, créé par le maître pâtissier lui-même il y a plus d’un siècle. Et pour les plus pressés, on peut acheter les gourmandises à emporter au comptoir.

Vue sur l’entrée du Café Gerbeaud et sa terrasse
L’entrée du Café Gerbeaud et sa terrasse © F. Thouvenin
Le comptoir de la pâtisserie © F. Thouvenin
La tarte Dobos
La tarte Dobos © F. Thouvenin

Le Café du Passage de Paris (Párisi Passage Café)

À quelques pas du Danube, dans le quartier touristique et commerçant de Belváros, il est un bâtiment qui ne manque pas d’attirer l’œil du passant… Avec sa façade de style éclectique mélangeant les éléments néo-gothique, Art nouveau et maure, la maison Brudern, ou Párisi Udvar (littéralement la cour de Paris), est incontestablement l’un des plus beaux immeubles de Budapest. À l’intérieur comme à l’extérieur, le visiteur se régale de ce fabuleux joyaux d’architecture, avec pour point d’orgue sa galerie traversante aménagée selon le modèle des passages parisiens.

À l’origine, à son ouverture en 1817, les lieux abritaient des commerces au rez-de-chaussée et les bureaux de la Downtown Savings Bank, propriétaire de l’immeuble, dans les étages. À l’instar de ses cousins parisiens, tel le passage des Panoramas dont l’architecte se serait inspiré, le passage de Paris était à la Belle Époque un lieu à la mode où l’on venait, outre pour ses boutiques, pour voir et être vu… Si la galerie survécut à une grande opération de réfection du bâtiment en 1913, elle tomba en perdition des décennies plus tard, sous l’ère soviétique. Longtemps laissé à l’abandon, l’immeuble n’était plus que l’ombre de lui-même avant qu’un grand chantier de rénovation le fasse renaître de ses cendres il y a quelques années.

Aujourd’hui, la maison Brudern a retrouvé toute sa flamboyance, et le fameux passage de Paris, réouvert au public, abrite désormais un café-brasserie où l’on se restaure en profitant de la beauté qui s’offre sous nos yeux, entre les boiseries de la structure savamment sculptées, décorées de dorures et de cuivres éclatants, les plafonds ouvragés et le spectaculaire dôme en mosaïque de verre. Un décor à couper le souffle : les délicieuses douceurs à la carte en sont encore plus savoureuses dégustées dans un tel cadre !

Vue extérieur de la maison Brudern ou Párisi Udvar © F. Thouvenin
L’intérieur du café-brasserie du passage © F. Thouvenin
La coupole de verre du Café Parisi
La coupole de verre © F. Thouvenin

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ÉgypteFrance
L’exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre – France

Article partenaire avec les Dossiers d’Archéologie
Par Constance Arhanchiague

exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre Paris
Taharqa offrant les vases à vin au dieu faucon Hémen
Taharqa offrant les vases à vin au dieu faucon Hémen © Musée du Louvre, dist. RMN-GP/Ch. Décamps

Vers 720 av. J.-C., Piânkhy, roi de Kouch en Nubie, part à la conquête de l’Égypte. Il fonde la XXVdynastie, dite kouchite, et crée le royaume des Deux Terres en unifiant l’Égypte et la Nubie. L’exposition événement « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » raconte l’épopée de ces nouveaux rois venus du sud et révèle au grand public des objets spectaculaires, typiques du style artistique très original de cette période. Elle est le fruit de recherches historiques du côté égyptien et de résultats de fouilles récentes au Soudan qui ont permis de rendre accessible cette période à un large public. Au VIIe siècle av. J.-C., une invasion assyrienne met fin à la domination des rois kouchites en Égypte, qui se replient alors au Soudan.

L’épopée des rois de Napata

carte Égypte et Nubie : les "Deux Terres"

L’histoire de la XXVe dynastie est avant tout celle de la renaissance d’un royaume, celui de Kouch, apparu au Soudan vers la fin du IIIe millénaire av. J.-C. Cet État qui a longtemps constitué une menace pour l’État pharaonique, a pris fin au moment de la colonisation égyptienne (vers 1500 av. J.-C.). La culture nubienne ne disparaît pas pour autant et on la distingue encore çà et là, dans les modes d’inhumation, la céramique ou les mentions d’enfants de chefs envoyés auprès du pharaon.

Lorsque l’État égyptien s’effondre à son tour au tournant du XIe siècle av. J.-C., la Nubie retrouve son indépendance. Au VIIIe siècle av. J.-C., Piânky, véritable fondateur de la puissance kouchite, lance une grande campagne militaire qui prend vite l’allure d’une marche victorieuse jusqu’à Memphis, les cités rencontrées se rendant au fur à mesure. Il laisse pourtant en place les roitelets locaux et s’en retourne à Napata.

La XXVe dynastie, qui désigne les rois kouchites reconnus durablement à Memphis, ne débute réellement qu’avec Chabataka en -713. Chabataka (713-705 av. J.-C.) conquiert l’Égypte, éliminant au passage un roi thébain, Iny, et surtout le roi de Saïs, Bocchoris, qui contrôlait tout le nord du pays. On a souvent cru pouvoir déceler une tendance impérialiste dans son règne, mais les rapports diplomatiques avec les Assyriens semblent avoir été plutôt bons.

Le règne de Chabaka (705-690 av. J.-C.), probablement un fils de Chabataka, est bien mieux documenté. Ce dernier lança un programme de constructions remarquables à Thèbes et Memphis, mais fut peu présent en Nubie.

Taharqa (690-664 av. J.-C.), le pharaon le plus emblématique de la dynastie, aurait semble-t-il usurpé le trône de Chabaka. Il mena une politique de travaux monumentale à Napata, Kawa, Thèbes et Memphis. Alors que son autorité est contestée dans le Delta par des dynasties rivales de Saïs et Tanis, il développe un intérêt pour le Levant et suscite des révoltes contre la domination assyrienne en Phénicie. Ceci explique que la fin de son règne soit marquée par plusieurs invasions des Assyriens.

C’est une nouvelle invasion, à Memphis et surtout Thèbes, qui mettra fin à la puissance kouchite en Égypte en -655, sous le règne de Tanouétamani (664-655 av. J.-C.). La XXVe dynastie perdure cependant en Nubie, autour de sa capitale Napata, et reste très influencée par la culture égyptienne.

généalogie Rois de Napata

La renaissance kouchite

Durant la XXVe dynastie, la région thébaine fut au cœur de l’attention des nouveaux pharaons originaires de Napata qui, pendant un demi-siècle, y rénovèrent et édifièrent de nombreux monuments.

Les temples de Karnak

Karnak, principal sanctuaire du dieu dynastique Amon-Rê, connut en particulier de nombreuses transformations sous le règne des rois kouchites.

Comme l’ont révélé les fouilles de Kerma, le dieu égyptien Amon était déjà révéré au Soudan à l’époque de la colonisation égyptienne, jouant possiblement le rôle de passerelle entre les deux cultures pour justifier la mainmise égyptienne sur le territoire nubien. Durant la période napatéenne, les rites qui étaient apparus autour de cette divinité à tête de bélier sont repris et développés, jusqu’à faire d’Amon une figure tutélaire au centre des cultes rendus dans Karnak et dans la capitale religieuse Thèbes.

À Karnak, Chabataka planifia l’agrandissement de la chapelle d’Osiris Heqa Djet, et son successeur Chabaka fit ajouter deux nouvelles portes à l’avant du temple de Ptah ainsi qu’un grand magasin de stockage à l’est de celui-ci.

Si Chabaka marqua durablement de son empreinte la région, le souvenir de son successeur, Taharqa, est aujourd’hui plus encore associé à cette renaissance. À son avènement, le pouvoir napatéen était à son apogée. Taharqa multiplia alors les projets monumentaux au cours de la première décennie de son règne, tout en achevant ceux de Chabaka, comme à Médinet Habou.

Sanctuaire dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty à Karnac Égypte
Sanctuaire dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty © CNRS-CFEETK n°191962/E. Saubestre

Sur la rive nord du lac sacré de Karnak, il fit notamment construire un sanctuaire original dédié à l’aspect solaire d’Amon, Rê-Horakhty, où était célébrée la renaissance quotidienne du soleil, en lien avec les mythes osiriens et ceux se déroulant à Médinet Habou. Ce monument, par l’originalité de son architecture et la richesse de sa décoration, témoigne de l’intense activité intellectuelle de l’époque.

Thèbes, nécropole de l’élite kouchite

Avec l’arrivée des Kouchites au pouvoir, la ville connut une nouvelle phase de splendeur, dont les premières manifestations remontent aux règnes de Chabataka et Chabaka pour connaître son apogée sous Taharqa. Elle fut enrichie de plusieurs monuments culturels et funéraires, sur les deux rives du Nil et occupa de nouveau la place de capitale religieuse qui était la sienne sous le Nouvel Empire.

Vue de l’Assassif avec les pylônes de Montouemhat, Pabasa et Padineith à Thèbes en Égypte
Vue de l’Assassif avec les pylônes de Montouemhat, Pabasa et Padineith © S. Einaudi

La nécropole de l’Assassif devint notamment un vaste chantier de construction à l’époque napatéenne pour accueillir les tombes de la nouvelle élite kouchite, véritables palais funéraires uniques dans l’architecture égyptienne.

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Le Djebel Barkal, la « montagne sacrée »

Vestige du grand temple d’Amon au pied du Djebel Barkal au Soudan
Vestige du grand temple d’Amon au pied du Djebel Barkal © Adobe Stock / evengh

Cette montagne sacrée, énorme massif de grès qui se détache du désert environnant, cristallisa pendant des siècles, et plus particulièrement sous la XXVe dynastie, l’attention des souverains qui y édifièrent à ses pieds temples et palais.

Ce sont les Égyptiens qui pendant la période de colonisation investirent cette masse rocheuse en y reconnaissant la demeure du dieu Amon. Pendant la période napatéenne, les rois kouchites, qui vouaient un véritable culte à cette divinité, multiplièrent le nombre de sanctuaires qui lui étaient consacrés. Certains rois choisirent d’élargir les temples de leurs prédécesseurs, d’autres d’en fonder de nouveaux.

Vue du grand temple d’Amon au Soudan
Vue du grand temple d’Amon © Adobe Stock/Robnaw

Au sein de cet ensemble architectural colossal se trouve le grand temple d’Amon, inauguré durant le règne de Thoutmosis III, puis agrandi jusqu’à l’époque napatéenne où il deviendra et demeurera le plus grand temple jamais construit au Soudan.

Les chefs-d’œuvre absolus de l’exposition « Pharaon des Deux Terres »

La XXVe dynastie a promu un courant antiquisant très original, qui avait commencé un peu auparavant à la période libyenne et qui va perdurer avec la XXVIe dynastie saïte. Cette mode, qui s’observe dans les thèmes choisis et les productions artistiques, marque la volonté des nouveaux représentants du pouvoir de s’inscrire dans une continuité historique.

Le sphinx de Chépénoupet II

Le sphinx de Chépénoupet II exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© BPK, Berlin, dist. RMN-GP / J. Liepe

Chépénoupet II, fille de Piânkhy et sœur de Taharqa, occupa la haute fonction de divine adoratrice d’Amon à Karnak pendant plusieurs décennies. De ce fait, elle reçut des prérogatives royales, comme celle d’être représentée en sphinx.

Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel

Les rois kouchites de la cachette de Doukki Gel exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© TrigonArt Ingenieurbüro

L’un des temps forts de l’exposition est la présentation de la reconstitution des sept statues monumentales de Doukki Gel, découvertes par l’équipe de Matthieu Honegger et Charles Bonnet en 2003. Ces statues qui représentaient les pharaons Taharqa, Tanouétamani et trois de leurs successeurs, avaient été brisées et remisées dans une fosse. C’est une découverte sensationnelle pour le grand public et plutôt récente à l’échelle des découvertes archéologiques.

Les versions originales sont aujourd’hui conservées au musée Kerma au Soudan. Les commissaires de l’exposition « Pharaon des Deux Terres » ont pris le parti de faire des reproductions sous forme de moulage de ces statues en granit avec des fils dorés.

La statue Horus Posno

La statue Horus Posno exposition « Pharaon des Deux Terres » au musée du Louvre
© Musée du Louvre, dist. RMN-GP/G. Poncet

Ce bronze de haute taille montre le très grand savoir-faire acquis par les artisans bronziers de cette période. Il appartenait à une composition plus vaste. Horus tend les bras pour verser de l’eau purificatrice d’un vase aujourd’hui disparu. Thot lui faisait face et accomplissait avec lui le rituel de purification pour le roi.

Pour aller plus loin :

hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre

Le hors-série Dossiers d’Archéologie sur l’exposition « Pharaon des Deux Terres. L’épopée africaine des rois de Napata » au musée du Louvre, conçu avec Vincent Rondot, directeur du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre, et les contributions des meilleurs spécialistes de la XXVe dynastie et du royaume de Napata en Nubie.

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Croatie
Qu’est-ce qu’on mange en Croatie ?

Croatie| Saveurs du monde

Qu'est-ce qu'on mange en Croatie ?

Par Marie Lagrave

Mâtinée de multiples influences, à la fois slaves et méditerranéennes, la cuisine croate surprend par sa richesse et sa variété. La proximité de la Hongrie s’y ressent au travers de la présence de paprika dans de nombreux plats, comme le goulash, préparé ici plutôt avec de l’agneau. La viande y est à l’honneur, souvent grillée ou en ragout, qu’elle soit de porc, de bœuf ou de mouton. Comme sur tout le pourtour méditerranéen, on produit aussi charcuteries, huiles d’olive, fromages et vins. L’Italie, toute proche, y a apporté pâtes, pizzas, gnocchis et risottos, parfois revisités aux saveurs locales. Enfin, avec sa superbe côte et ses multiples îles, la Croatie séduira tout particulièrement les amateurs de poissons et de fruits de mer, préparés de mille et une façons. Les portions sont souvent généreuses, surtout dans les konoba (auberges traditionnelles), qui restent le meilleur moyen de découvrir la gastronomie croate.

Vue sur Dubrovnik
Vue sur Dubrovnik ©P.-Y. Denizot

Viandes

Très représentées dans la cuisine croate, les viandes se dégustent le plus souvent grillées. On goutera notamment les cevapi ou cevapcici, de petits rouleaux de viande (généralement un mélange de bœuf et d’agneau) hachée et grillée. Subtilement épicés, ils sont souvent consommés sur le pouce, dans du pain, avec des oignons frais ou de l’ajvar (une purée de poivrons). Cependant, plats en sauce et ragouts sont aussi très fréquents. Dans le nord du pays, on vous conseille la kotlovina, qui combine différents morceaux de viande (côtes de porc, saucisses, blanc de poulet…) longuement mijotés, souvent servis avec des pommes de terre. Une des spécialités de la Dalmatie est la pasticada, du bœuf braisé au vin rouge.

Cevapi ou cevapcici
Cevapi ou cevapcici © Pixabay

Poissons et fruits de mer

Avec près de 2 000 kilomètres de côtes et plus de 600 îles, la Croatie se devait forcément d’inviter poissons et fruits de mer dans nos assiettes. Poisson blanc, grillé, salade de poulpe, ragoût de fruits de mer, soupe de poisson, calamars frits… C’est un véritable festival de saveurs maritimes auquel vous convie la gastronomie croate. Parmi les plats les plus typiques et les plus étonnants, ne manquez pas le fameux risotto noir, un risotto à l’encre de seiche (qui lui donne sa couleur) agrémenté de fruits de mer variés.

Risotto noir aux fruits de mer
Risotto noir aux fruits de mer © Wikimedia Commons

Vins croates

Bien que peu connus en dehors des frontières du pays, les vins croates sont de belle qualité. On y produit majoritairement du vin blanc, mais le rouge n’est pas en reste. Parmi les cépages les plus réputés, nous pouvons citer le Dingac, un vin rouge de la péninsule de Peljesac, le Babic, un vin rouge de Dalmatie, le Malvoisie, un vin blanc sec d’Istrie ou le Posip, un vin blanc typique de l’île de Korcula. Enfin, le Grasevina est sans doute le vin blanc le plus répandu, surtout en Slavonie. Les puristes s’en indigneront sans doute, mais il n’est pas rare ici de couper son vin avec de l’eau.

Saveurs méditerranéennes

Si les plaines de Slavonie possèdent un climat continental et que le centre du pays, marqué par les Alpes dinariques, a un climat montagnard, toute la côte, de l’Istrie à la Dalmatie, jouit d’un climat méditerranéen qui se ressent fortement dans la cuisine croate. L’huile d’olive en est un des composant indispensable. Fabriquée ici depuis l’Antiquité, elle est considérée comme l’une des meilleures au monde. L’Istrie est particulièrement réputée pour sa production savoureuse. Charcuteries et fromages comptent également parmi les saveurs méditerranéennes de la Croatie. On y mange du jambon cru ou fumé, du salami… Le kulen est un saucisson de porc, rehaussé de paprika et d’ail. Produit principalement en Slavonie, c’est un mets très apprécié. Quant au fromage, le plus connu est celui de l’île de Pag, au lait de brebis.

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Grèce
Recette de mezze : la cuisine grecque régale votre été !

Les mezze : la cuisine grecque régale votre été !

par Emmanuelle Bons

Simplicité des ingrédients, simplicité des recettes, la cuisine grecque ne cherche pas à en mettre plein la vue. Et pourtant, quel délice ! Mondialement connue, elle est l’un des symboles dominants du pays. Toute l’authenticité de la Grèce y est condensée. Avec l’arrivée de l’été, sa gastronomie est une source intarissable d’idées pour tous vos repas conviviaux en famille ou entre amis. Nous vous proposons cette semaine plusieurs recettes de mezze qui, servis avec une simple salade, constitueront des repas rafraîchissants, sains et équilibrés !

cuisine grecque Vue de la coupole d'une église à Oia, sur l'île de Santorin, en Grèce
Vue de la coupole d’une église à Oia, sur l’île de Santorin, en Grèce © A. Bayard

Ktipiti

2 poivrons rouges (environ 200 g)

100 g de feta

2 yaourts à la grecque

huile d’olive

1 petite gousse d’ail

1 c. à soupe de paprika

Faites cuire les poivrons au grill puis retirez la peau, les graines et les parties blanches, et coupez-les en petits dés d’environ 5 mm.

Écrasez la feta, mélangez-la avec les yaourts à la grecque, les poivrons, l’ail préalablement haché, le paprika et un filet d’huile d’olive. Assaisonnez à votre convenance.

On peut éventuellement parsemer le mélange avec des pignons de pin grillés.

Servez avec du pain pita.

mezze cuisine grecque
Gastromonie grecque © D.R.

Tzatziki

  • 1 concombre
  • 2 yaourts à la grecque
  • 1 gousse d’ail
  • 1 demi botte de menthe
  • 1 demi citron
  • 2 c. à soupe d’huile d’olive
  • sel, poivre

Lavez le concombre, coupez les extrémités puis coupez-le en petits dés ou en fines lamelles selon votre choix. Parsemez-le de sel et laissez-le dégorger 15 à 30 min puis épongez soigneusement.

Hachez la gousse d’ail.

Hachez les feuilles de menthe et gardez une branche pour la décoration.

Mélangez le yaourt avec l’huile d’olive, le jus de citron, la menthe hachée, l’ail haché, et le concombre. Salez, poivrez et mélangez bien.

Servez très frais.

Caviar d’aubergine

  • 2 grosses aubergines
  • 10 cl d’huile d’olive
  • 6 gousses d’ail
  • sel, poivre

Lavez les aubergines et coupez les extrémités.

Fendez-les en deux, incisez-les à l’intérieur afin d’introduire les gousses d’ail coupées en quatre et arrosez-les d’huile d’olive.

Enveloppez-les de papier aluminium et mettez-les dans un four chaud à 170°C pendant 60 min.

Une fois les aubergines cuites, extrayez la pulpe cuite et malaxez-la grossièrement jusqu’à obtenir une pâte légèrement grumeleuse.

Salez et poivrez.

Laissez refroidir et dégustez accompagné de pain pita.

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Autriche
À Vienne, ça sent le cheval à deux pas du Palais de Sissi

À Vienne, ça sent le cheval à deux pas du Palais de Sissi

Par Patrick Schouller

Vienne est une destination de choix pour les adhérents Arts et Vie, qui découvrent avec intérêt une architecture urbaine emblématique de l’Empire austro-hongrois, principalement à l’intérieur du Ring. Ils savourent aussi la visite de musées célèbres, dont le Belvédère et ses Klimt, ou le Kunsthistorisches Museum, ses Brueghel et sa Kunstkammer, 2 200 objets précieux collectionnés par les Habsbourg (quelle merveille que cette salière de Cellini en or repoussé sur socle d’ébène, réalisée en 1543 pour François 1er !).

À Vienne, où la circulation en centre-ville est quasi impossible, on marche beaucoup pour passer d’un site à l’autre. Enfin, on marche si l’on veut, car il existe bien sûr un réseau de transport urbain efficace alliant métro ultra-moderne, tramway d’un autre âge et même calèches pour nostalgiques. Mais il est amusant de voir, dans le petit passage couvert longeant le palais de la Hofburg, certains de nos adhérents se mettre à humer quelque chose, le regard inquisiteur. Mon Dieu, mais pourquoi cela sent-il autant le cheval à deux pas des appartements de Sissi ? Étrange, non ? Alors, l’accompagnateur arrête le groupe et dirige les regards vers les grandes baies vitrées latérales, qui ouvrent sur une vaste cour intérieure bordée de stalles. Avec parfois la vision de l’encolure d’un magnifique cheval gris qui les fixe lui aussi.

Lipizzan de l’École d’Équitation espagnole de Vienne
Lipizzan de l’École d’Équitation espagnole de Vienne © WienTourismus/Paul Bauer

Les lipizzans de l'École d’Équitation espagnole de Vienne

Oui, nous sommes juste à côté de la célèbre École d’Équitation espagnole de Vienne (la Spanische Hofreitschule). Cette École est l’une des quatre en Europe à perpétuer l’art équestre classique de la Renaissance. Les trois autres sont le Cadre Noir de Saumur, l’École Royale andalouse d’art équestre de Jerez et son homologue portugaise de Queluz. L’École de Vienne ne cherche pas à innover, seule la tradition compte. C’est une démonstration d’équitation dans laquelle le cheval apparait plus sublimé que contraint par l’homme, et semble alors se déplacer dans la beauté de ses mouvements naturels.

Dès le début, cette École a été utilisée pour des cérémonies royales avant de s’ouvrir au public pour des représentations équestres musicales très prisées qui se déroulent juste à côté. Il suffit en effet de traverser le passage couvert pour atteindre un Manège magnifique, conçu entre 1729 et 1735 par l’architecte du baroque Joseph Emanuel Fischer von Erlach. Pendant plus de 450 ans les jeunes nobles de la monarchie autrichienne y ont appris à monter à cheval.

Mais revenons à notre nez inquisiteur : malgré toutes les précautions, ces 72 étalons à la robe d’un gris foncé ou presque blanc (selon l’âge !) sont obligés de traverser cette ruelle couverte pour passer des écuries au Manège, laissant parfois des traces malodorantes ! Mais même si ça sent le cheval, le spectacle est impressionnant et les appareils photos crépitent.

Un spectacle équestre exceptionnel

Généralement les voyageurs des circuits n’assistent pas à la performance des reprises équestres car il n’est pas simple d’obtenir des places. Mais certains groupes Arts et Vie, dans le cadre des voyages-événements par exemple, peuvent profiter de ce spectacle. J’ai eu cette chance et c’est assez impressionnant, même lorsque, comme moi, on n’y connait rien. Si certaines figures peuvent sembler anodines, les spécialistes apprécient le dressage et surtout la complicité homme/cheval nécessaire pour en arriver là. Enfin, je dis “homme”, mais il y a aussi des cavalières. Les uniformes, dans le style de ceux de nos Polytechniciens avec sabre et bicorne, donnent aussi une évidente majesté aux différentes reprises dans le cadre de ce manège grandiose.

Une anecdote sur cette École : c’est ici qu’est née l’expression « chapeau bas, Messieurs » en français, langue des Cours européennes. La tradition voulait que l’impératrice Marie-Thérèse ne se découvre jamais, la noblesse rarement, devant un subalterne. Pourtant, à l’issue d’une reprise particulièrement remarquée par l’Impératrice, celle-ci s’est levée, a soulevé son chapeau, ordonnant ainsi implicitement à toute la noblesse de saluer le cavalier méritant.

 

À découvrir lors du séjour : Vienne l’impériale

 

Pour aller plus loin :

Article en partenariat avec l’Office national du tourisme autrichien.
Nous remercions également chaleureusement l’Office du tourisme de Vienne pour les photos.

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Italie
Fiche pays – Italie

L'Italie, entre culture et dolce vita !

Par Emmanuelle Bons

Classée parmi les plus importantes destinations touristiques au monde, l’Italie regorge de trésors ! Depuis ses vestiges antiques qui apportent un éclairage passionnant sur l’Empire romain, jusqu’à ses splendides églises baroques, en passant par ses chef-d’œuvres de la Renaissance, ce pays séduit tous les passionnés d’art et les amoureux d’architecture. Mais plus qu’un lieu de pèlerinage culturel, ce pays baigné de soleil est aussi celui de la dolce vita, cette douceur de vivre qui commence dans les assiettes toujours savoureuses ! Partir en voyage en Italie est toujours la promesse d’étonnements, d’enrichissements et de rencontres conviviales qui donnent irrépressiblement envie d’y revenir !

Vue sur la basilique Saint-Pierre de Rome
La basilique Saint-Pierre de Rome © M. Le Peutrec

Carte d'identité

Capitale : Rome

Superficie : 302 073 km²

Nombre d’habitants : 59 257 566 habitants (en 2021)

Fuseau horaire : UTC+1 (pas de décalage horaire avec la France)

Monnaie : l’euro

Langues : La langue officielle du pays est l’italien même si les dialectes et les langues régionales subsistent.

Météo : En Italie, le soleil fait partie intégrante de la culture ! Le pays bénéficie en effet dans sa majeure partie d’un climat méditerranéen qui lui offre des températures douces en hiver et chaudes en été. Seule la région de la plaine du Pô est qualifiée de subtropicale humide avec davantage de précipitations en été et des hivers très doux. Quant à l’extrême nord, les Alpes lui apportent un climat montagnard avec une importante variation de températures entre l’hiver rude et l’été relativement doux.

Les incontournables de l'Italie

L’Italie, un pays record à l’Unesco

Avec ses 55 sites honorés par la vénérable institution, l’Italie détient avec la Chine le record du monde de sites classés à l’Unesco ! On retrouve dans cette liste prestigieuse, des centres-villes aussi éblouissants que ceux de Rome, Sienne, Florence ou San Gimignano, des vestiges archéologiques majeurs comme Pompéi, Herculanum, Torre Annunziata, la vallée des Temples à Agrigente, mais aussi des sites naturels majeurs comme l’Etna, le mont San Giorgio, les forêts des Carpates… Impossible de citer tous les trésors dont regorge l’Italie ! La liste exhaustive est à retrouver ici !

Vue sur le Colisée
Le Colisée ©F. Pouchucq

Le Colisée de Rome

Véritable emblème de Rome, le Colisée constitue sans doute le plus impressionnant monument de la capitale italienne ! Avec ses 188 m de longueur sur 155 de largeur et 50 m de haut, ces arènes trônent en plein cœur de la cité depuis presque 2 000 ans ! Achevé en 80 ap. J.-C., après seulement 8 ans de travaux, il donne un aperçu de la puissance et de la magnificence de l’Empire romain mais aussi de la cruauté qui sévissait à cette époque. Il fut le théâtre des sanglants combats de gladiateurs mais aussi de l’exécution de nombreux chrétiens et de prisonniers dont le souvenir plane toujours sur les lieux. L’édifice fut fragilisé et partiellement détruit par de nombreux tremblements de terre et ses matériaux utilisés pour construire d’autres bâtiments de la ville, le laissant dans un état déplorable durant plusieurs centaines d’années. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle, durant l’occupation française, que les premiers travaux de restauration furent entrepris – chantier qui se poursuit encore de nos jours ! – afin de rendre à ce géant sa gloire et la majesté passée.

Vue de nuit sur la basilique Saint-Marc
La basilique Saint-Marc ©J. Chamouleau

La basilique Saint-Marc à Venise

Des gondoliers à canotier, des masques exubérants, des pigeons par milliers… voilà sans doute les plus fréquents clichés attachés à la ville de Venise ! Oui mais voilà, la Sérénissime ne pourrait se résumer à ces charmants stéréotypes ! Son plus célèbre monument, la basilique Saint-Marc, offre notamment une belle entrée en matière pour en comprendre les fondements. On apprend ainsi qu’au IXe siècle, peu de temps après sa création, la très jeune cité avait besoin de gagner en prestige afin de se mesurer à ses rivales millénaires. Un doge chargea donc deux marins d’aller dérober les reliques de saint Marc en Égypte où il reposait, car cette très sainte dépouille assurerait le renom de Venise. Une basilique fut ensuite édifiée pour accueillir la dépouille qui conféra à la ville une renommée qui ne s’est jamais démentie. Le bâtiment que nous admirons aujourd’hui fut construit sur un modèle byzantin au Xe siècle avec ses quatre bras de taille identique et ses mosaïques dorées réalisées au fil du temps, entre les XIIIe et XVIe siècle. Nombre de ses ornementations proviennent de pillages opérés lors des conquêtes vénitiennes, comme par exemple les chevaux de bronze, visibles sur sa façade, dérobés à Constantinople. Modifiée et agrémentée au cours des siècles, la basilique demeure le cœur de la cité et en rappelle le passé tourmenté.

À lire également : Il faut sauver Venise

Vue sur les toits d’Alberobello
Vue sur les toits d’Alberobello ©C. Chenu

Les trullis d’Alberobello

Avec leurs petits pompons de pierre dressés vers le ciel bleu des Pouilles, les trullis d’Alberobello constituent l’une des plus grandes curiosités architecturales du sud de l’Italie ! Hérité de la Préhistoire, cette technique de construction en pierre sèche en encorbellement se retrouve dans toute la région mais la ville d’Alberobello constitue le plus important regroupement de ces étonnantes petites maisons. Outre leur valeur testimoniale, ces constructions forment de charmants quartiers dans lesquels il fait bon flâner…

Vue de l'intérieur de la cour de la Galerie des Offices

La Galerie des Offices à Florence

Grâce à sa place majeure dans l’histoire de l’art européenne, l’Italie possède quelques-unes des plus riches collections de tableaux et de sculptures au monde ! Le musée des Offices notamment fait partie de ces lieux incontournables qu’il faut avoir vu une fois dans sa vie ! Si le palais qui l’abrite fut édifié dès le XVIe siècle par Cosimo Ier de Médicis, son usage en tant que musée date de 1769 et les Médicis ont conclu en 1738 un Pacte de famille qui garantit qu’aucune œuvre d’art ne quittera Florence. On y découvre donc aujourd’hui des trésors inestimables du XIIe au XVIIIe siècle, pour l’essentiel issus des collections de la prestigieuse famille florentine parmi lesquelles on retrouve des noms aussi célèbres que Botticelli, Giotto, Piero della Francesca, Vinci… Un incontournable en particulier pour tous les amoureux de la Renaissance !

La pizza napolitaine

La pizza napolitaine

Imitée mais jamais égalée, la pizza napolitaine, inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco depuis 2017, serait née 1889 grâce à un cuisinier local pour la reine Marguerite de Savoie en voyage à Naples. Avec ses ingrédients simples – tomates, mozzarella et basilic –, issus du terroir de la région et symbolisant les couleurs de l’Italie, la recette a fait le tour du monde au fil des vagues d’émigration et ainsi participé à la diffusion de la culture italienne.

À lire également : Le panforte, pour un Noël aux saveurs de Toscane

Les coups de coeur de nos spécialistes

Valérie Dabe, adjointe production pour Escapades et actions culturelles

« J’étais tout d’abord réticente à l’idée de me rendre sur l’île de Capri et préférais rester à Naples, cette ville si vivante que j’aime tant. J’avais des a priori et un peu peur du ”cliché jet set” et du tourisme de masse. Mais comme je suis de nature curieuse, que j’aime Oscar Wilde, le cinéma et l’architecture, impossible de ne pas se rendre sur le lieu des amours de l’écrivain avec Lord Alfred Douglas, ou ne pas avoir en tête les images de la villa Malaparte dans Le Mépris de Godard ou de la villa Vismara conçue par Le Corbusier. Une vraie révélation ! Sitôt passées les quelques rues animées aux boutiques luxueuses du centre de Capri où effectivement se massent en nombre les touristes, on découvre une autre facette de l’île bien plus authentique et calme, aux petites ruelles et aux maisons blanches. Il faut emprunter les sentiers côtiers ou se rendre à Anacapri, et se laisser séduire par les points de vue fabuleux depuis la villa San Michele et les parfums qu’exhalent les jardins. La montée au mont Solaro nous offre d’autres panoramas sur l’île mais aussi sur la baie de Naples. Depuis la mer et ses eaux cristallines, on redécouvre la beauté sauvage et abrupte de l’île. Je confirme, Capri est mythique ! »

Emmanuelle Bons, coordinatrice éditoriale

« Depuis ma plus tendre enfance, l’Italie a toujours fait partie de mes étés. J’ai appris à nager dans la mer Adriatique ; j’ai soupiré, adolescente, devant le balcon de Juliette à Vérone ; je suis tombée amoureuse de la Renaissance à Florence, j’ai savouré mon voyage de noces à Venise… et pourtant mon meilleur souvenir est tout simple. Nous visitions la Toscane par les « petites routes » et nous nous étions arrêtés pour déjeuner dans un petit restaurant perdu au milieu de la campagne. Et là, alors que vous étions attablés sur une petite terrasse ombragée, avec pour décor de douces collines ponctuées de cyprès, un air de violon s’est élevé dans l’air chaud de midi. C’était le fils du patron, très doué pour son âge, qui répétait sa Méditation de Thaïs. Tout semblait parfait ! Le paysage, cette musique, la douceur de l’air, mes tomates mozzarella ! Ce fut un de ces petits instants de grâce qu’offre le hasard des voyages et des rencontres. »

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Espagne
La Casa Batlló de Antoni Gaudí

La Casa Batlló de Antoni Gaudí

Par Jeanne Faton

Article partenaire avec les Dossiers de l’Art

Le musée d’Orsay célèbre un des architectes les plus étonnants de la fin du XIXe siècle, idole du modernisme catalan, Antoni Gaudí. Il a marqué la ville de Barcelone par ses édifices uniques : le Parc Güell, la basilique de la Sagrada Familia – dont la construction est toujours en cours – et de luxueuses demeures pour de riches particuliers. Bienvenue dans l’une de ces plus célèbres casas : la Casa Batlló.

 

À lire également : notre fiche-pays sur l’Espagne

Lorsque José Batlló i Casanovas, riche industriel du textile, s’adresse à Gaudí, ce n’est pas pour construire un immeuble neuf mais pour transformer une maison élevée dans les années 1870 au 43 Passeig de Gràcia, qu’il vient d’acheter. Il veut y aménager, d’un côté, des appartements privés, et de l’autre, sa propre habitation. Le tour de force de l’architecte sera de ne faire apparaître aucune trace de l’ancienne maison sans pour autant la démolir. En laissant libre cours à son imagination, Gaudí réalise l’une des façades les plus spectaculaires de Barcelone, avec un intérieur fantaisiste inspiré par l’univers de la mer…

Le détail de la casa Battló
Le détail de la casa Battló © D. Barbery

Une façade aux milles visages

La maison s’érige sur des colonnettes en pierre, qui évoquent, aux yeux de certains, les tibias du squelette humain. C’est l’origine d’un sobriquet donné à la maison au moment de sa construction : « la maison des os ». La pierre réapparaît aux soubassements des balcons, dont la découpe a pu aussi faire songer à un masque de carnaval vénitien. Cette image, associée au revêtement coloré et pointilliste de la façade, évoque également un lancer de confettis, tandis que les couleurs de la façade rappellent celles, changeantes, de la mer traversée par les rayons du soleil.

Terrain d'expérimentation du trencadís

Si subjectives soient-elles, de telles impressions sont dues à l’usage particulièrement savant du trencadís. Typique de l’architecture moderne catalane, ce type de mosaïque composé d’éclats de céramique a été enrichi dans sa technique d’assemblage sur le chantier de la Casa Batlló. Gaudí adopte une autre technique consistant à placer un morceau d’une certaine dimension à la surface du ciment encore frais et de le casser sur place au marteau. Les morceaux ainsi obtenus s’adaptent parfaitement à la surface murale. L’introduction du trencadís dans les créations de Gaudí répondait à une réflexion de l’architecte : « La couleur est vie. C’est un élément que nous ne devons pas mépriser mais infuser à nos œuvres ».

Vue sur le toit de la Casa Batlló
Vue sur le toit de la Casa Batlló © Wikimedia Commons

Dragon ou montagne

La couverture du bâtiment est constituée par une tourelle surmontée d’une croix à quatre barres et d’un toit ondulant en tuiles faisant penser à des écailles. Face à ces formes inédites, les imaginations se sont enflammées. D’aucun ont voulu y voir l’échine du dragon terrassé par Saint Georges, dont la tour et la croix seraient les symboles ; d’autres ont suggéré un rapprochement avec le site montagneux de Montserrat et sa célèbre roche Foradada. L’ondulation de la façade et de la toiture n’est en réalité que l’écho des volumes intérieurs dépourvus de tout angle et de toute arête.

Le patio de la Casa Batlló
Le patio, avec l’escalier menant aux appartements locatifs © Wikimedia Commons

Un hommage à la mer

Reflet de la vision naturaliste de Gaudí, l’intérieur de la Casa Batlló s’inspire du milieu marin et fait appel à l’imaginaire. L’historien Juan José Lahuerta écrit ainsi : « l’intérieur du bâtiment devient un espace de tranquillité pour l’homme qui affronte les multitudes de la ville et lutte dans le monde, une sorte de grotte sous-marine où se recueillir, où trouver un espace intime, à la façon de Jules Vernes, où, héros, le conquérant, l’homme moderne, a deux réalités : l’une extérieure, cosmique, sans limite et une intime où il est blotti dans sa grotte, dans le ventre maternel de la terre ; la nature, la raison et l’histoire convergent dans cette œuvre ».

À l’entrée se trouve un vestibule communautaire. Sur la droite un escalier mène aux appartements locatifs, en serpentant dans un patio qui constitue l’axe central de l’édifice. Sur la gauche, une porte, fermée par une grille, donne accès aux appartements privés de la famille Batlló. Gaudí a ainsi totalement réorganisé les zones communes de l’ancien édifice. En agrandissant le patio, il prévoit des accès distincts pour les propriétaires et les locataires, et trouve une manière ingénieuse de faire parvenir la lumière naturelle dans toutes les pièces de la maison.

La cour intérieur et son puit de lumière
La cour intérieur et son puit de lumière © Wikimedia Commons

Chez les Batlló

Dans le hall d’entrée privé de la famille Batlló, les fenêtres en forme de hublots, les formes organiques qui rythment la pièce, ainsi que la rampe d’escalier qui épouse les contours sinueux de l’épine dorsale d’une créature monstrueuse, créent une atmosphère fantastique d’univers sous-marin.

Au premier étage se trouve l’étage noble, réparti en deux grands ensembles, l’un constitué par les pièces de réception qui donnent sur le Passeig de Gràcia, l’autre, sur l’arrière, par la salle à manger et les salons privés.

Vue sur le salon central
Le salon central © Wikimedia Commons

Dans le salon central, de grandes baies vitrées sont pourvues de châssis tout en ondulations et garnies dans leur partie supérieure de disques en verre dans des tonalités bleues qui rappellent celles de la cour intérieure. Boiseries, encadrements des portes et fenêtres refusent toute ligne droite pour vivre à l’unisson des murs extérieurs, ondulant à l’image du monde marin. Le décor dans son ensemble semble avoir été façonné dans une argile humide, si bien que les portes palières et les portes intérieures donnent davantage l’impression d’avoir été modelées dans une pâte que sculptées dans le bois.

Une icône de Barcelone

Après avoir beaucoup souffert de la guerre civile, durant laquelle elle accueillit une centaine de réfugiés, la Casa Batlló fut ensuite transformée en bureaux au début des années 1940. C’est alors que commencèrent la dispersion du mobilier et le démontage de certains chambranles de portes. Depuis les années 1990, le bâtiment appartient à la famille Bernart, qui l’a entièrement restauré, et ouvert au public en 1995. Ce joyau architectural, iconique de Barcelone et de son architecte phare, appartient au Patrimoine mondial de l’UNESCO.

 

À découvrir avec le séjour ville d’art et d’histoire : Barcelone l’artistique

 

Pour aller plus loin

Le Dossier de l’Art sur Gaudí. Intégralement rédigé par Philippe Thiébaut, conservateur honoraire du patrimoine

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Portugal
L’Année de la mort de Ricardo Reis : le Lisbonne de José Saramago

L'Année de la mort de Ricardo Reis : le Lisbonne de José Saramago

Par Marie Lagrave

L’Année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago

Lisbonne, décembre 1935. Fernando Pessoa, immense écrivain de la littérature portugaise, vient de s’éteindre. Ricardo Reis revient alors au pays natal après 16 années d’exil. Du Brésil, il vient se recueillir sur la tombe du célèbre auteur. Hanté par le fantôme de Pessoa qui lui rend visite à de nombreuses reprises, il erre pendant de longs mois dans une Lisbonne d’abord constamment pluvieuse, puis de plus en plus ensoleillée. Son quotidien, ponctué par la lecture des journaux et son aventure avec une femme de chambre, nous plonge dans le Portugal des années 30, entre dictature salazariste et prémices de la Seconde Guerre mondiale.

L'année de la mort de Ricardo Reis, livre de José Saramago prenant place à Lisbonne
Vue sur Lisbonne © A.-G. Brugeron

José Saramago, du serrurier au prix Nobel de littérature

José Saramago en 1999 © Wikimedia Commons

Paru en 1984, L’Année de la mort de Ricardo Reis est le 5e roman de José Saramago. Né en 1922 dans une famille de paysans pauvres, dans la région du Ribatejo (au centre du Portugal), son seul diplôme est un brevet de serrurier. Il fait plusieurs métiers et, parallèlement, se passionne pour la littérature. Autodidacte, il écrit un premier roman, Terre du péché, dès 1947, mais le peu de succès qu’il rencontre et le manque de confiance en lui le poussent à abandonner l’expérience. Il devient alors journaliste, et il faudra attendre plus de vingt-cinq ans – et la perte de son emploi de directeur du Diario de Noticias à cause de son engagement au sein du parti communiste – pour qu’il se consacre à nouveau à la littérature.

Un recueil de poèmes, L’Année 1993, sort en 1975, puis un second roman, Manuel de peinture et de calligraphie, deux ans après. Ce livre est l’occasion pour lui de théoriser l’esthétique qu’il adoptera ensuite dans toutes ses œuvres. Écrivain réaliste selon ses propres dires, il s’intéresse en effet à la société et à l’actualité de son temps, mais ses romans sont imprégnés de fantastique : l’humanité devenant soudainement aveugle (dans L’Aveuglement) ou la péninsule ibérique se détachant du continent (dans Le Radeau de pierre). Son style se caractérise par un narrateur à la troisième personne, souvent ironique, et par un usage minimal de la ponctuation : uniquement des virgules, des points et quelques retours à ligne. Les dialogues, notamment, ne sont annoncés par aucun guillemet ou tiret, et se mêlent à la narration, rendant parfois floue la distinction entre les différentes voix qui prennent en charge le récit.

À partir de 1975, la production littéraire de Saramago devient ininterrompue. Le Dieu manchot, paru en 1982, lui apporte succès et reconnaissance internationale. Mais ses opinions et prises de positions font parfois scandale, comme c’est le cas en 1991 avec la publication de L’Évangile selon Jésus-Christ, qui suscite une vague d’indignation dans le milieu catholique portugais. Saramago quitte alors son pays et s’installe à Lanzarote, en Espagne, où il décédera en 2010. Son génie fut néanmoins largement reconnu de son vivant, et il obtint le prix Nobel de littérature en 1998. Il est à ce jour le seul écrivain portugais à avoir reçu cette distinction.

Un hommage vibrant à Fernando Pessoa et ses hétéronymes

Portrait de Fernando Pessoa
Fernando Pessoa © Wikimedia Commons

L’Année de la mort de Ricardo Reis est avant tout un hommage à Fernando Pessoa, immense écrivain de la littérature portugaise, né en 1888 et décédé en 1935, auteur d’un grand nombre d’œuvres – de la poésie, mais également des essais, du théâtre… –, signées sous de multiples noms. On estime qu’il utilisa environ 70 noms de plume, ce foisonnement de pseudonymes lui permettant de justifier une production aussi abondante qu’hétérogène.

Mais Fernando Pessoa ne se contenta pas d’inventer de simples noms pour parapher son œuvre : toute sa vie, il s’est évertué à créer ce qu’il appela des hétéronymes, des pseudonymes devenus personnages à part entière, doté d’un style qui leur est propre, d’une biographie et d’une personnalité distinctes de celle de l’auteur. On compte 4 hétéronymes principaux de Pessoa : Alberto Caeiro, Alvaro de Campos, Bernardo Soares et… Ricardo Reis.

C’est donc un des doubles littéraires de Pessoa que José Saramago a repris pour en faire le principal protagoniste de son roman, survivant à la mort de son alter ego et revenant au Portugal dialoguer avec le fantôme de son inventeur. Ce roman est un hommage vibrant à Fernando Pessoa et ses hétéronymes, et un prolongement de son questionnement sur l’identité – ou plutôt, sur des identités multiples, fictives ou réelles. C’est également un « règlement de compte » avec le personnage de Ricardo Reis, que Saramago dit admirer pour ses odes mais dont il peine à supporter la posture, marquée par le stoïcisme.

Une fresque sociale et politique de Lisbonne

José Saramago fait revenir ce personnage à Lisbonne dans le contexte mouvementé de la dictature salazariste et des prémices de la Seconde Guerre mondiale. Les déambulations de Ricardo Reis dans la ville et sa lecture des journaux nous plongent dans cette actualité, et son aventure avec une femme de chambre (dont le frère est révolutionnaire) va peu à peu remettre en cause et questionner sa posture face au monde.

À travers ce roman, Saramago dessine une véritable fresque sociale et politique de Lisbonne, où se déroule quasiment l’intégralité du récit. La ville devient presque un personnage à part entière, Ricardo Reis y erre sans fin, commentant les évolutions qu’elle a connues pendant ses 16 années d’absence. On découvre ses rues, ses places, ses statues, mais également l’omniprésence du Tage, les pièces jouées au théâtre à cette époque, et les gens qui y habitent, comme ces deux vieux assis sur leur banc rue de Santa Catarina, qui semblent épier les allées et venues de Ricardo Reis. C’est finalement une véritable ode à Lisbonne, en écho au recueil Message de Fernando Pessoa, qui lui aussi chantait son amour pour cette ville.

Vue sur Lisbonne
Vue sur Lisbonne ©A.-G. Brugeron

« Lisboa, Lisbon, Lisbonne, Lissabon, quatre formulations différentes, sans compter les intermédiaires et les imprécises, et les enfants savent maintenant ce qu’auparavant ils ignoraient et qu’ils savaient pourtant, rien, à peine un nom qui trouble leurs jeunes intelligences, prononcé de manière approximative avec l’accent propre aux Argentins, aux Uruguayens, aux Brésiliens ou aux Espagnols […] »
(L’Année de la mort de Ricardo Reis, José Saramago, Éditions Points, p. 16)

 

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France
L’exposition sur le décor impressionniste au musée de l’Orangerie – France

« Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas »

Par Jeanne Faton

Article partenaire avec L’Objet d’Art

Installés depuis 1927 à l’Orangerie, les Nymphéas de Monet témoignent avec force de la dimension éminemment décorative de l’art impressionniste. Le lien singulier que les pionniers de l’art moderne nouèrent avec le décor mural n’avait pourtant jamais été exploré avant l’exposition du musée de l’Orangerie. Elle invite, à plusieurs égards, à porter un regard nouveau sur l’art impressionniste. Caillebotte, Monet, Renoir, Pissarro et bien d’autres, avec des toiles rarement ou jamais présentées en France, sont au rendez-vous.

À lire également : notre visite des Bassins de Lumières de Bordeaux lors de l’exposition « Monet, Renoir… Chagall, Voyages en Méditerranée »

Les commandes des premiers mécènes

Au XIXe siècle, nombreux sont les peintres à avoir commencé leur carrière par des menus travaux de décoration. Qu’ils aient peint les murs de leurs auberges par amusement de rapins, pour « payer » l’aubergiste en nature, ou qu’ils aient décoré restaurants et cafés pour gagner quelques sous, les exemples sont légion.

Tout au long des années 1870, les impressionnistes sondent notamment l’existence d’un marché pour la décoration murale : dessus de porte, panneaux en pendants, triptyque, compositions peintes à même le lambris… S’ils se sont vus confier peu de décoration publique, n’ayant pas cherché à se mettre dans les rangs de la décoration officielle, ils ont en revanche réalisé beaucoup de commandes privées pour des mécènes. Ces réalisations peintes pour des murs précis à la demande de commanditaires divers les inscrivent, l’espace d’une décennie, dans une configuration inédite, très éloignée de l’indépendance qu’ils avaient pour habitude de prôner, en peignant des tableaux de chevalet, vendus par l’intermédiaire de marchands.

Premiers commanditaires

Grâce au soutien de l’éditeur des naturalistes, Georges Charpentier, et de son épouse Marguerite, Pierre-Auguste Renoir répond efficacement à une série de commandes, à l’heure où Monet, Caillebotte et Degas manifestent leur désir d’en obtenir. Marguerite Charpentier, qui tient un salon couru, lui commande tour à tour des décorations et des menus pour son intérieur, avant de lui confier des portraits familiaux.

En 1876, Monet est quant à lui convié par le marchand de tissus Ernest Hoschedé à venir peindre au petit château de Montgeron. L’espace d’un été, il exécute pour son mécène quatre compositions de grandes dimensions destinées au décor du grand salon : Les Dindons, L’étang à Montgeron, Coin de jardin à Montgeron et La Chasse. Il décorera plus tard la salle à manger de son marchand Durand-Ruel, une manière plus efficace pour ce dernier de faire acheter l’art impressionniste par « les capitalistes » !

Gustave Caillebotte, Pêche à la ligne, 1878 © Wikimedia Commons
Gustave Caillebotte, Périssoires, 1878
Gustave Caillebotte, Périssoires, 1878 © Wikimedia Commons
Gustave Caillebotte, Baigneurs, bord de l’Yerres, 1878 © Wikimedia Commons

Caillebotte s’engage lui aussi dans la voie de l’art décoratif, en réalisant un superbe triptyque champêtre, probablement destiné à orner les murs de sa demeure d’Yerres, illustrant les plaisirs de l’eau : canotage, baignade et pêche. Jusqu’alors dispersés entre collections privées et publiques, ces panneaux sont pour la première fois reconstitués dans leur ensemble. De Caillebotte aussi, pour sa demeure du Petit-Gennevilliers, figurent les étonnants panneaux décoratifs représentant sa serre d’orchidées, une passion du peintre-jardinier.

L’aventure des arts décoratifs : la fièvre expérimentale

Dans les années 1880, les impressionnistes sont nombreux à s’aventurer dans des domaines techniques où on ne les attendait pas, en explorant d’autres supports comme la peinture sur ciment, un brevet original déposé par Renoir et ses deux associés, et sur soie, ou encore la réalisation de carreaux de céramiques. En se confrontant à d’autres techniques que celle de l’huile sur toile, ils ne craignent pas d’embrasser la voie des arts dits mineurs. Au moment où la France organise l’Exposition universelle de 1878, les impressionnistes rejoignent ainsi les préoccupations de leur temps en appliquant le beau au quotidien.

Récolte du foin à Éragny-sur-Epte, Camille Pissarro, 1889
Récolte du foin à Éragny-sur-Epte, Camille Pissarro, 1889 © Wikimedia Commons

Le format en demi-lune de l’éventail suscite notamment un grand engouement chez eux. Plus rapides à réaliser et plus faciles à vendre que des tableaux, les éventails ont été une source de stabilité économique pour certains artistes comme Pissarro, qui en exposa un grand nombre à l’exposition impressionniste de 1879, aux côtés des éventails de Degas.

Des fleurs, un peu, beaucoup, passionnément…

La nature et plus particulièrement les fleurs constituent le motif décoratif par excellence des impressionnistes. Cette passion qui lie Caillebotte et Monet se reflète dans des tableaux saisissants où n’apparaissent plus de repères spatiaux. Ni haut ni bas, ni terre ni ciel : les formes et les couleurs deviennent le principal sujet de ces œuvres très décoratives qui évoquent la répétition d’un motif sur un lé de papier peint.

Claude Monet, Chrysanthèmes, 1897. Affiche de l'exposition sur le décor impressionniste au musée de l'Orangerie
Claude Monet, Chrysanthèmes, 1897. Huile sur toile, 130 x 89 cm. Collection particulière © Christie’s Images / Bridgeman Images

Trouer les murs

Les réflexions impressionnistes sur la décoration n’ignorent pas une grande interrogation du XIXe siècle dans ce domaine : faut-il trouer le mur ? Autrement dit, faut-il considérer que l’œuvre décorative fera oublier la muraille et ouvrira comme une fenêtre vers d’autres réalités, ou faut-il au contraire prendre en compte la planéité du mur et en souligner l’existence ? Monet apporte une réponse magistrale à cette question, avec le cycle des Nymphéas, exposés en permanence au musée de l’Orangerie et conclusion grandiose et immersive de cette aventure du décor impressionniste.

À découvrir avec la journée culturelle Arts et Vie : L’impressionnisme à Paris

 

Pour aller plus loin

Le hors-série L’Objet d’Art sur l’exposition « Le décor impressionniste. Aux sources des Nymphéas » au musée de l’Orangerie, avec un entretien des commissaires de l’exposition. Intégralement rédigé par Marine Kisiel, docteure en histoire de l’art et spécialiste du sujet.

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France
L’Hôtel de la Marine à Paris – France

L'Hôtel de la Marine à Paris – France

Par Jeanne Faton

Article partenaire avec les Dossiers de l’Art

C’est à une véritable découverte du Garde-Meuble de la Couronne, jusqu’alors inaccessible au public, qu’invite aujourd’hui la réouverture de l’Hôtel de la Marine. Ce chantier de restauration de grande envergure a rendu aux appartements du XVIIIe siècle leur circulation initiale et dégagé avec soin la plupart des décors d’origine afin de retrouver l’esprit des lieux.

Hôtel de la Marine, place de la Concorde
Hôtel de la Marine, place de la Concorde © G. Targat

Plus de trois siècles d'histoire...

L’Hôtel de la Marine n’a d’abord été qu’un palais fantôme, une façade destinée à mettre en valeur le génie à la fois d’architecte et d’urbaniste d’Ange-Jacques Gabriel pour l’aménagement de la nouvelle place à la gloire de Louis XV. Plus de trois siècles d’histoire résonnent aujourd’hui dans ses murs…

Loggia de l'Hôtel de la Marine
La Loggia de l'Hôtel de la Marine © J.-P. Dalbéra - Wikimedia Commons

Construit au XVIIIe siècle par le célèbre architecte, il abrite d’abord, jusqu’en 1798, le Garde-Meuble de la Couronne. Cette prestigieuse institution est chargée de fournir aux résidences royales le mobilier du plus nouveau goût (meubles, tapisseries, mais aussi des pièces d’orfèvrerie, armes et petits bronzes…) comme le mobilier courant. Les deux intendants du Garde-Meuble de la Couronne, Pierre-Élisabeth de Fontanieu, puis Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray, y résident dans de somptueux appartements offrant une vue imprenable sur la future place de la Concorde. C’est là qu’eut lieu, en 1792, en pleine tourmente révolutionnaire, l’un des « casses » les plus célèbres de l’histoire : le vol des bijoux de la Couronne, un butin estimé à près de 30 millions de francs…

Après la Révolution, l’ancien Garde-Meuble de la Couronne devient, pendant plus de 200 ans, le siège du ministère de la Marine, auquel il doit son nom actuel. Quatre années de travaux administrés par le Centre des monuments nationaux viennent de rendre à l’hôtel les décors de ses appartements du XVIIIe siècle : une métamorphose qui plonge le visiteur dans les ultimes raffinements de l’art de vivre au siècle des Lumières !

La restauration : quand une cuisine cache des boiseries du XVIIIe siècle

Salle à manger de l'Intendant dans l'Hôtel de la Marine
Salle à manger de l'Intendant © J.-P. Dalbéra - Wikimedia Commons

Comment restaurer un lieu historique dont la vocation a changé au fil des siècles et des besoins de ses nouveaux occupants ? Les marins, s’ils ont cloisonné et badigeonné les pièces du XVIIIe siècle, se sont heureusement révélés être d’excellents conservateurs : ils n’ont rien ou très peu détruit ; sous les nombreux repeints, les boiseries d’origine ont réapparu. La découverte la plus spectaculaire fut celle, derrière une cuisine en inox, des boiseries intactes du petit cabinet de Fontanieu. Commandée à l’ébéniste Jean-Henri Riesener, la table mécanique, chef-d’œuvre du mobilier français, qui s’y trouvait à l’origine et qui était conservée au Louvre, a pu y reprendre sa place, avec le secrétaire à abattant assorti, offert par un généreux donateur.

Parmi les temps forts de cette visite des appartements privés, citons encore la découverte du cabinet des miroirs, écrin précieux et doré, entièrement décoré de miroirs peints de guirlandes et d’angelots, ou encore la salle à manger de l’Intendant : autour du célèbre mobilier de Riesener, les décorateurs Joseph Achkar et Michel Charrière ont dressé une table dans le goût du XVIIIe siècle, en s’inspirant du fameux Déjeuner d’huîtres de Jean-François de Troy, peint pour le roi Louis XV et dans lequel le champagne, boisson nouvelle à l’époque, coule à flots… Un audioguide permet de déambuler dans les différentes pièces au fil d’un parcours théâtralisé offrant une expérience de visite inédite très réussie.

Le salon des Amiraux à l'Hôtel de la Marine
Le salon des Amiraux © J.-P. Dalbéra - Wikimedia Commons

La fête continue avec la collection Al Thani

Outre les appartements XVIIIe, le public arpente aussi les salons d’apparat du XIXe siècle, plus solennels et plus froids, aménagés pour le ministère de la Marine et restaurés il y a quelques années. Un trésor l’attend enfin dans cet écrin retrouvé que constitue l’Hôtel de la Marine : une sélection de 120 œuvres de la collection du prince Al Thani, présentée à travers une scénographie onirique. Voulant démontrer la force unificatrice de l’art à travers les cultures et les civilisations, l’exposition réunit de somptueux chefs-d’œuvre : la tête d’une figure royale d’Égypte ancienne sculptée dans du jaspe rouge (1475-1292 av. J.-C.), une sculpture chinoise en bronze doré d’un ours assis provenant de la dynastie Han (206 av. J.-C. – 25 apr. J.-C.), un pendentif Maya (200-600 apr. J.-C.) ou encore la coupe de jade de l’empereur moghol Jahângîr (1569-1627). L’éblouissement est au rendez-vous !

 

 

Pour aller plus loin :

  • Le Dossier de l’Art écrit par les meilleurs spécialistes et historiens sur l’Hôtel de la Marine, son histoire et ses collections
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Espagne
Fiche pays – Espagne

L’Espagne, une mosaïque de cultures baignée par le soleil

Par Marie Lagrave

Il est difficile de résumer l’Espagne en quelques lignes, tant son identité est plurielle et son histoire complexe. L’Espagne a connu la civilisation d’Al-Andalous marquée par l’Islam, et le Siècle d’or initié par les rois catholiques. Une fois unifiée, elle est devenue un empire extrêmement puissant, s’étendant jusqu’au Nouveau Monde, avant de décliner et de perdre un territoire considérable. Le pays a ensuite connu la guerre civile et la dictature de Franco avant de devenir une monarchie parlementaire. L’Espagne, c’est à la fois le pays de l’Inquisition et des tapas, de Don Quichotte et du flamenco. C’est aussi et surtout une mosaïque d’identités régionales marquées, de la Galice à l’Andalousie en passant par la Castille et le Pays basque.

La Plaza Mayor à Madrid
La Plaza Mayor à Madrid © P. Bettan

CARTE D'IDENTITÉ

  • Capitale : Madrid
  • Superficie : 505 911 km2
  • Nombre d’habitants : 47 329 981 habitants (en 2020)
  • Fuseau horaire : UTC+1 (pas de décalage horaire avec la France)
  • Monnaie : l’euro
  • Langues : La langue officielle du pays est le castillan. De plus, le catalan, le galicien, le basque et l’occitan sont également reconnus comme langues officielles régionales.
  • Météo : L’Espagne est réputée pour ses températures clémentes et son ensoleillement. L’été y est chaud et sec, avec des températures parfois très hautes en juillet et août, notamment en Andalousie, mais également dans la région de Madrid. Les hivers sont plutôt doux, surtout sur les côtes, mais les régions continentales connaissent parfois des épisodes de grand froid.

LES INCONTOURNABLES DE L'ESPAGNE

La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle © M.-H. Bohn-Peyrard

La cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle

Suite à la découverte du corps de l’apôtre saint Jacques, une première église fut érigée au début du IXe siècle. Elle fut ensuite reconstruite entre le XIe et le XIIIe siècle, puis embellie entre le XVIe et le XVIIIe siècle. Objet d’un des trois grands pèlerinages de la Chrétienté, avec ceux de Jérusalem et de Rome, c’est l’un des plus grands centres de dévotion catholique. Les chemins de Compostelle forment aujourd’hui un vaste réseau d’itinéraires de randonnées irradiant l’Espagne et la France mais aussi une partie de l’Europe.

 

La Sagrada Família, à Barcelone

Chef-d’œuvre inachevé de Gaudí, le temple expiatoire de la Sagrada Família a été entamé en 1882 et est toujours en travaux depuis. C’est un projet magistral, comprenant trois façades (Nativité, Passion et Gloire), cinq nefs et dix-huit tours (dont la plus haute atteindra les 172 m de haut). L’édifice est désormais un emblème du modernisme catalan. La construction de la basilique devait s’achever pour le centenaire de la mort de Gaudí, en 2026, avant que l’épidémie de Covid-19 ne cause une suspension des travaux de près de huit mois.

 

À lire également : notre article sur la Casa Batlló, autre œuvre de Gaudí à Barcelone

 

Le musée Guggenheim, à Bilbao

Le musée Guggenheim à Bilbao
Le musée Guggenheim à Bilbao ©C. Chenu

Consacré à l’art contemporain, le musée Guggenheim est lui-même une œuvre d’art, avec ses ondulations et ses effets de lumière créés par les plaques de titane dont il est recouvert. Conçu par l’architecte Frank O. Gehry, son inauguration en 1997 a initié une profonde revitalisation de Bilbao. À l’extérieur comme à l’intérieur, les œuvres se succèdent dans une riche scénographie. On y admire les sculptures gigantesques de Richard Serra ; Maman, l’araignée de Louise Bourgeois ; Puppy, le chien géant habillé de fleurs de Jeff Koons…

 

Le musée du Prado, à Madrid

Cette pinacothèque a ouvert ses portes en 1819 afin d’accueillir les collections royales rassemblées par les Habsbourg et les Bourbons. Enrichi au fil du temps, le fonds du musée comprend une collection impressionnante de chefs-d’œuvre des grands maîtres espagnols (Velázquez, le Greco, Goya…) mais également flamands (Rubens, Bosch, Memling…), italiens (Botticelli, le Titien, Véronèse…) et de toute l’Europe. C’est aujourd’hui l’un des musées les plus riches au monde.

 

Cordoue, Grenade et Séville : les joyaux de l’Andalousie

Le pont romain de Cordoue et la mosquée-cathédrale
Le pont romain de Cordoue et la mosquée-cathédrale ©B. Metzdorf
Le Generalife et ses jardins
Le Generalife et ses jardins ©S. Angenault
L’Alcazar de Séville
L’Alcazar de Séville ©J.-J. Abassin

Marquée par huit siècles de domination arabe, l’Andalousie possède un patrimoine d’une richesse incomparable. Trois villes et trois monuments sont particulièrement emblématiques de la région : Cordoue, sublime capitale d’Al-Andalous, et sa grande mosquée – convertie en cathédrale après la Reconquista ; Grenade et l’immense Alhambra, dernier bastion musulman qui résiste jusqu’en 1492 aux rois catholiques ; et enfin Séville, point de départ des grands navigateurs et résidence régulière des rois d’Espagne, qui y construisent le fabuleux palais de l’Alcazar.

 

À lire également : notre article sur Romancero gitano de Federico García Lorca, poète andalou

Les coups de coeur de nos spécialistes

Béatrice Bailloux, forfaitiste-coordinatrice en charge de la Castille, de la Galice et du Pays basque :

“Ce que j’aime le plus en Espagne, c’est l’ambiance qui règne. Les discussions vives coupées d’éclats de rire que l’on peut entendre en passant devant les bars à tapas. Les grandes places où les familles, des grands-parents aux petits-enfants, se retrouvent le soir pour partager leur journée. C’est un pays de partage et de fête. Que ce soient des fêtes improvisées au détour d’une rue où les gens dansent au son d’une musique entraînante, ou les multiples célébrations religieuses faites de processions colorées où des hommes portent à bout de bras de précieuses statues. C’est tout ça, l’Espagne que j’aime !”

 

Franck Orvain, forfaitiste en charge de la Catalogne et de l’Andalousie :

“Mes séjours en Espagne sont rythmés par de longues balades matinales. C’est à mes yeux le meilleur moment de la journée pour profiter du pays, baigné dans la chaleur douce et prometteuse d’une belle journée. La plage encore déserte de Barceloneta – au coeur de Barcelone – semble loin de l’agitation de la place de Catalogne et des Ramblas. Les rues étroites et symétriques de ce quartier dégagent une atmosphère populaire et familiale. À Séville, ma promenade du matin passe par le quartier simple et authentique de Triana. Il faut traverser le Quadalquivir et se retrouver dans le marché où les gens du quartier viennent faire leurs achats pour les prochains repas. Autant de matins, autant de balades, d’impressions, de bons moments qui deviendront de beaux souvenirs.”

Le Pont Neuf de Ronda
Le Pont Neuf de Ronda ©S. Angenault

Julie Chamouleau, forfaitiste en charge de l’Andalousie :

“Ronda fut une de mes premières découvertes espagnoles et j’ai eu un véritable coup de cœur pour cette ville pleine de charme. Elle fait partie des fameux pueblos blancos, ces villages typiques de l’Andalousie, aux maisons blanchies à la chaux. Sa particularité ? Elle est coupée en deux par un vertigineux ravin, le Tajo, qui offre des vues spectaculaires sur la sierra andalouse. De jolies balades sont à faire le long de cette faille, en traversant le Puente Nuevo. En ville, il faut également aller voir les arènes, qui sont les plus anciennes du pays.”

 

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Belgique
L’Atomium de Bruxelles – Belgique

L’Atomium de Bruxelles – Belgique

Par Flavie Thouvenin

Lundi 25 octobre 2020, au petit matin. J’entame mon 4e jour dans le plat pays, le temps file. Après deux jours à arpenter les ruelles et naviguer au fil des canaux de la belle Bruges, changement d’ambiance ! Nous sommes partis la veille à l’assaut de Bruxelles, avec un programme réjouissant mais chargé : la Grand-Place, le Manneken-Pis, les galeries Saint-Hubert, le marché aux puces de la place du Jeu de Balle… les pieds commencent à chauffer, mais il n’est pas question de s’arrêter.

Aujourd’hui, on prend de la hauteur. À chaque nouvelle escapade citadine, c’est la même rengaine : s’il y a une tour, je me dois d’y monter ! Je collectionne les visites d’observatoires comme celles des plus grands musées. Le beffroi de Bruges n’ayant pas suffi à me rassasier, c’est vers le plateau de Heysel que je pars ce matin : direction l’Atomium, un des symboles de la capitale belge. La météo n’est pas des plus clémentes, un petit vent vient nous rafraîchir le bout du nez et le ciel est bien grisé mais les prévisions des jours suivants promettent de la pluie… c’est maintenant ou jamais !

L'Atomium de Bruxelles
L'Atomium de Bruxelles © L. Domenach

Un colosse d'aluminium et d'acier

Arrivée sur place, nous sommes visiblement une tripotée à avoir eu la même idée, la queue pour le guichet promettant de longues minutes d’attente… Ce qui nous laisse tout le loisir d’admirer la structure étonnante de ce colosse d’aluminium et d’acier, mi-sculpture mi-architecture. Représentant une maille élémentaire de fer (9 atomes de fer) grossie 165 milliards de fois, l’Atomium surprend par sa forme unique : 3 piliers soutenant 9 sphères de 18 m de diamètre, reliées entre elles par de longs tubes de 3,3 m de diamètre. Pensé par l’ingénieur André Waterkeyn et conçu par les frères architectes André et Jean Polak, l’Atomium fut l’attraction phare de l’Exposition universelle de 1958.

Avec pour slogan « le bilan d’un monde pour un monde plus humain », cette édition de l’Expo entendait initier et réconcilier le grand public avec la science, en plein contexte de guerre froide et sa course à l’armement, et après le traumatisme des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945. Après les sombres années de la guerre, on commence à entrevoir les possibilités illimitées des dernières grandes découvertes scientifiques et l’on se prend à rêver d’un futur magnifié grâce au progrès scientifique. Les navettes remplaceront les voitures, les fusées nous emmèneront aux confins de l’espace-temps, les maladies ne seront plus : c’est le temps de l’espoir et l’âge d’or de la science-fiction ! L’Atomium capte toute l’audace d’une époque et nous offre un véritable voyage dans le temps.

Point de vue sur la capitale belge

Après 30 min d’une attente dans la fraîcheur matinale, nous ne sommes pas mécontents d’atteindre enfin le guichet ! Pass sanitaire scanné, température prise, masques sur le nez (pas d’inquiétude, le protocole Covid est ici très respecté !), billets en poche : la première étape de la visite nous tend les bras. Nous embarquons dans l’ascenseur du tube central, le plus rapide à l’époque de sa construction à raison de 5 m gravis par seconde, direction le sommet !  En 23 petites secondes, nous y sommes déjà.

À 92 m de haut, le panorama qui s’offre à nous est réputé le plus beau de la capitale. Avec sa vue à 360°, on peut, par temps clair, voir jusqu’à Anvers. Pour nous, c’est loupé ! La grisaille se lève peu à peu et nous laisse tout de même une très belle vue sur tout Bruxelles et ses environs, ainsi qu’un beau point de vue sur l’Atomium lui-même. Un spot de choix pour les photographes amateurs (et pour les demandes en mariage aussi, paraît-il !). Après avoir déambulé dans la sphère et tenté d’identifier les monuments de la capitale à l’aide des panneaux jalonnant l’espace, nous rejoignions le rez-de-chaussée en aussi peu de temps qu’il nous en a fallu pour monter… mais la visite est loin d’être terminée !

Au temps de l'Expo

Deuxième étape de la visite : la sphère de base, qui sur plusieurs étages présente une exposition permanente consacrée aux années 1950, à l’Exposition universelle de 1958 et à la construction de l’Atomium. Images et documents d’archives, plans et dessins d’architectes, maquettes et vidéos nous font remonter dans le temps et nous plongent dans l’ambiance de l’époque, sur un air de nostalgie. Il faut dire que l’Expo universelle de 58 fut la dernière organisée sur le sol belge, qui pour l’occasion avait mis les petits plats dans les grands. Sur le plateau du Heysel, entre les mois d’avril et octobre, les pavillons des 44 pays participants attirent pas moins de 43 millions de visiteurs, plaçant Bruxelles sous le feu des projecteurs.

Outre les pavillons de l’URSS et des États-Unis, c’est l’Atomium qui intrigue le plus les badauds : son succès auprès des locaux comme des étrangers est immédiat. Il devient ainsi l’un des spots les plus en vue de la capitale, et un arrêt incontournable pour les touristes. Au départ construit uniquement dans le cadre de l’Expo, il échappe ainsi à la destruction plusieurs fois au cours des décennies, jusqu’à bénéficier enfin de grands travaux de rénovation plus qu’attendus entre 2004 et 2006. L’Atomium est là pour rester !

Un pas dans le passé, un autre dans le futur

À l’intérieur, l’architecture a des allures de sous-marin… ou de vaisseau spatial digne des plus grands space opera, ambiance 2001, l’Odyssée de l’espace ! Un voyage intergalactique qui nous mène d’une sphère à une autre, par le biais d’escalators mécaniques (les plus longs d’Europe à leur construction – jusqu’à 35 m pour l’un d’eux) et d’une flopée d’escaliers, le tout soutenu par une structure de charpente métallique et un alliage en acier et inox impressionnants, illuminés par des néons de couleurs vives. Un univers pour les fans de science-fiction ! Outre la sphère de base réservée à l’exposition permanente, cinq autres sont accessibles au public, l’une accueillant notamment des expositions temporaires sous forme de spectacle son et lumière qui ajoute au mystère des lieux… Petits et grands en prendront à coup sûr plein la vue !

À découvrir avec le circuit Arts et Vie : Flâneries flamandes en train

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L’Atomium de Bruxelles – Belgique

Par Flavie Thouvenin

Lundi 25 octobre 2020, au petit matin. J’entame mon 4e jour dans le plat pays, le temps file. Après deux jours à arpenter les ruelles et naviguer au fil des canaux de la belle Bruges, changement d’ambiance ! Nous sommes partis la veille à l’assaut de Bruxelles, avec un programme réjouissant mais chargé : la Grand-Place, le Manneken-Pis, les galeries Saint-Hubert, le marché aux puces de la place du Jeu de Balle… les pieds commencent à chauffer, mais il n’est pas question de s’arrêter.

Aujourd’hui, on prend de la hauteur. À chaque nouvelle escapade citadine, c’est la même rengaine : s’il y a une tour, je me dois d’y monter ! Je collectionne les visites d’observatoires comme celles des plus grands musées. Le beffroi de Bruges n’ayant pas suffi à me rassasier, c’est vers le plateau de Heysel que je pars ce matin : direction l’Atomium, un des symboles de la capitale belge. La météo n’est pas des plus clémentes, un petit vent vient nous rafraîchir le bout du nez et le ciel est bien grisé mais les prévisions des jours suivants promettent de la pluie… c’est maintenant ou jamais !

L'Atomium de Bruxelles
L'Atomium de Bruxelles © L. Domenach

Un colosse d'aluminium et d'acier

Arrivée sur place, nous sommes visiblement une tripotée à avoir eu la même idée, la queue pour le guichet promettant de longues minutes d’attente… Ce qui nous laisse tout le loisir d’admirer la structure étonnante de ce colosse d’aluminium et d’acier, mi-sculpture mi-architecture. Représentant une maille élémentaire de fer (9 atomes de fer) grossie 165 milliards de fois, l’Atomium surprend par sa forme unique : 3 piliers soutenant 9 sphères de 18 m de diamètre, reliées entre elles par de longs tubes de 3,3 m de diamètre. Pensé par l’ingénieur André Waterkeyn et conçu par les frères architectes André et Jean Polak, l’Atomium fut l’attraction phare de l’Exposition universelle de 1958.

Avec pour slogan « le bilan d’un monde pour un monde plus humain », cette édition de l’Expo entendait initier et réconcilier le grand public avec la science, en plein contexte de guerre froide et sa course à l’armement, et après le traumatisme des bombes atomiques larguées sur le Japon en 1945. Après les sombres années de la guerre, on commence à entrevoir les possibilités illimitées des dernières grandes découvertes scientifiques et l’on se prend à rêver d’un futur magnifié grâce au progrès scientifique. Les navettes remplaceront les voitures, les fusées nous emmèneront aux confins de l’espace-temps, les maladies ne seront plus : c’est le temps de l’espoir et l’âge d’or de la science-fiction ! L’Atomium capte toute l’audace d’une époque et nous offre un véritable voyage dans le temps.

Point de vue sur la capitale belge

Après 30 min d’une attente dans la fraîcheur matinale, nous ne sommes pas mécontents d’atteindre enfin le guichet ! Pass sanitaire scanné, température prise, masques sur le nez (pas d’inquiétude, le protocole Covid est ici très respecté !), billets en poche : la première étape de la visite nous tend les bras. Nous embarquons dans l’ascenseur du tube central, le plus rapide à l’époque de sa construction à raison de 5 m gravis par seconde, direction le sommet !  En 23 petites secondes, nous y sommes déjà.

À 92 m de haut, le panorama qui s’offre à nous est réputé le plus beau de la capitale. Avec sa vue à 360°, on peut, par temps clair, voir jusqu’à Anvers. Pour nous, c’est loupé ! La grisaille se lève peu à peu et nous laisse tout de même une très belle vue sur tout Bruxelles et ses environs, ainsi qu’un beau point de vue sur l’Atomium lui-même. Un spot de choix pour les photographes amateurs (et pour les demandes en mariage aussi, paraît-il !). Après avoir déambulé dans la sphère et tenté d’identifier les monuments de la capitale à l’aide des panneaux jalonnant l’espace, nous rejoignions le rez-de-chaussée en aussi peu de temps qu’il nous en a fallu pour monter… mais la visite est loin d’être terminée !

Au temps de l'Expo

Deuxième étape de la visite : la sphère de base, qui sur plusieurs étages présente une exposition permanente consacrée aux années 1950, à l’Exposition universelle de 1958 et à la construction de l’Atomium. Images et documents d’archives, plans et dessins d’architectes, maquettes et vidéos nous font remonter dans le temps et nous plongent dans l’ambiance de l’époque, sur un air de nostalgie. Il faut dire que l’Expo universelle de 58 fut la dernière organisée sur le sol belge, qui pour l’occasion avait mis les petits plats dans les grands. Sur le plateau du Heysel, entre les mois d’avril et octobre, les pavillons des 44 pays participants attirent pas moins de 43 millions de visiteurs, plaçant Bruxelles sous le feu des projecteurs.

Outre les pavillons de l’URSS et des États-Unis, c’est l’Atomium qui intrigue le plus les badauds : son succès auprès des locaux comme des étrangers est immédiat. Il devient ainsi l’un des spots les plus en vue de la capitale, et un arrêt incontournable pour les touristes. Au départ construit uniquement dans le cadre de l’Expo, il échappe ainsi à la destruction plusieurs fois au cours des décennies, jusqu’à bénéficier enfin de grands travaux de rénovation plus qu’attendus entre 2004 et 2006. L’Atomium est là pour rester !

Un pas dans le passé, un autre dans le futur

À l’intérieur, l’architecture a des allures de sous-marin… ou de vaisseau spatial digne des plus grands space opera, ambiance 2001, l’Odyssée de l’espace ! Un voyage intergalactique qui nous mène d’une sphère à une autre, par le biais d’escalators mécaniques (les plus longs d’Europe à leur construction – jusqu’à 35 m pour l’un d’eux) et d’une flopée d’escaliers, le tout soutenu par une structure de charpente métallique et un alliage en acier et inox impressionnants, illuminés par des néons de couleurs vives. Un univers pour les fans de science-fiction ! Outre la sphère de base réservée à l’exposition permanente, cinq autres sont accessibles au public, l’une accueillant notamment des expositions temporaires sous forme de spectacle son et lumière qui ajoute au mystère des lieux… Petits et grands en prendront à coup sûr plein la vue !

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